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mains, de las étirements, après un long sommeil. On dirait de jolies momies, conviées au bal des ombres et exprimant, avec une mélancolie discrète et gracieuse, leur dégoût du sarcophage. Leurs mains souples se renversent, pleines de dénégations et de refus ; non, elles ne veulent pas retourner dans la boîte d’or aux parfums lourds, on y est à l’étroit, leurs écharpes en sont encore toutes froissées, malgré les coups brusques dont elles les redressent ; leur bouche sévère exprime le dédain qu’elles éprouvent pour les choses qu’elles ont vues dans l’ombre, en attendant la résurrection, si longue à venir ; des choses qui sont déplaisantes, certainement. Et les danseuses vont, viennent, se font face, se suivent à la file, avec des gestes lents, dans lesquels les mains toujours ont le principal rôle.

Par moments on croit qu’elles vont s’animer, leurs longues paupières se relèvent brusquement, laissant passer un éclair de passion ; leurs lèvres frémissent, comme pour un sourire ; mais non, la frange des cils retombe, le visage