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Ayoucha se lève. Elle est assez grande, brune de peau ; d’une beauté fine et régulière. Elle a l’air grave et se tient très droite. Deux longues nattes lui caressent le dos ; à ses doigts tintent de vraies crotales antiques. Son costume n’est pas tout à fait ce qu’il devrait être : la pudeur européenne l’a un peu corrigé. S’il était exact, il se composerait d’une jupe serrée au-dessus des cuisses et d’une veste brodée, ne descendant pas tout à fait jusqu’à la taille et laissant tout le reste à nu. C’est la façon orientale de se décolleter.

Mais, ici, Ayoucha a dû remonter un peu sa jupe, et mettre sous sa veste une chemise de soie. À cet arrangement, si la pudeur y gagne, la danse, que nous connaissons sous le nom de « Danse du ventre », perd un peu de son intérêt, le principal personnage étant voilé.

Il faut bien le reconnaitre, cette danse, à notre point de vue, autant d’intention que de fait, est contraire à la décence. Je dis à notre point de vue, car la morale diffère avec le pays, et ce qui est crime ici est vertu là-bas.