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les fenêtres sont masquées par la saillie de ces moucharabys de bois à jour, qui ressemblent si fort à nos vieux lits bretons, que l’on recherche aujourd’hui pour faire des bahuts et des buffets. Ces balcons fermés, ce sont les boudoirs des musulmanes ; de là elles peuvent tout voir et ne sont aperçues que confusément, comme des ombres gracieuses, assez pour faire rêver, trop peu pour être reconnues. Le rez-de-chaussée des maisons se creuse en alcôves voûtées, qui sont des boutiques, et, à les voir ornées de leurs brillants étalages, au milieu desquels un Arabe impassible est assis, les jambes croisées, on se croit transporté vraiment en Orient par le tapis magique des Mille et une Nuits :

« Il y avait autrefois, à Damas, un marchand de soies et de brocarts qui, par son industrie et son travail, avait amassé de grands biens ; il se nommait Abou-Aibou, et son fils fut surnommé : l’esclave d’amour »…

Le voilà, ce marchand, au milieu des molles écharpes, des soies lamées d’or et d’argent,