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doute, le khalife, qui s’est aperçu de son humeur à propos de Maridah, veut lui faire entendre, en la contraignant à se montrer ainsi, qu’elle ne peut plus lutter de beauté avec l’esclave de dix-huit ans qu’il lui a prise.

— Seigneur, dit-elle, aurai-je au moins ma revanche ?

— Soit ! tu l’auras, dit Haroun-el-Raschid.

Alors Zobeïde éloigne l’eunuque et le page. Elle fait appeler ses femmes, à qui elle ordonne de la dévêtir. Elle garde ses bracelets et ses colliers, mais fait défaire toute sa coiffure, et quand son dernier vêtement s’abat à ses pieds, secouant la tête, ses beaux cheveux se déroulent sur elle, la voilant à demi.

Tout à coup la voici qui disparaît dans un tourbillonnement, qui fait sonner ses bijoux comme des grelots. Ses pieds blancs pivotent sur l’albâtre lisse, se mirent dans sa transparence ; elle croise les mains derrière sa nuque, se renverse en arrière, oscille comme un palmier que tourmente le vent, va, vient, se penche à droite, puis à gauche, semble sup-