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une tribu campée dans une plaine voisine. Une émotion extraordinaire, alors, s’empara de lui, à tel point qu’elle le fit pâlir. Il s’éloigna et se répéta le nom qu’il avait entendu :

— Leïla !

Et il lui sembla, disent les Persans, boire l’eau d’un fruit céleste.

Dès lors Keïs n’eut plus qu’une pensée : voir cette jeune fille, dont le nom seul avait pour la première fois troublé son cœur.

Il quitta sa tente, un matin, et, monté sur une chamelle au pas rapide, se dirigea vers le campement de la tribu dont Leïla faisait partie.

Il rôda longtemps, lorsqu’il l’eut atteint, tout alentour des tentes, et finit par apercevoir un groupe de jeunes filles, occupées à cueillir des roses sauvages, au bord d’un sentier. Mettant pied à terre, il courut à elles ; mais elles s’enfuirent comme une volée de moineaux, laissant tomber les fleurs qu’elles portaient dans un pan de leur robe. Pourtant, à quelque distance, elles s’arrêtèrent et tournèrent la tête, furtives et curieuses, et,