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le soir, ne trouvant plus l’entrée à la place accoutumée, il comprenait qu’il ne lui était plus permis de franchir le seuil, et il s’éloignait sans demander d’explications.

Ces femmes savaient défendre leur vertu et elles estimaient que c’était le plus précieux de leur bien. Souvent elles préféraient la mort au déshonneur ; témoin cette illustre Fatimé, qui, faite prisonnière, se jeta la tête la première, du haut de la chamelle qu’elle montait, et se tua ainsi, pour échapper à l’amour de son vainqueur.

Bien souvent ces belles Arabes étaient poètes ; c’étaient elles qui racontaient les combats fameux, les aventures glorieuses, chantaient les louanges des héros, accablaient les lâches de leur mépris ; car, pour elles, le courage était la plus belle vertu de l’homme, et, loin d’amollir leur audace par de tendres inquiétudes, d’apaiser leur colère et leur ardeur guerrière, elles les encourageaient, les poussaient au combat, les enflammaient.

On rapporte qu’un jour les filles, renommées