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recouverte d’une draperie de satin jaune à dragons brodés, étaient posées les tablettes de l’Empereur et de l’Impératrice douairière. Devant elles, un brûle-parfum de bronze à demi plein de braise-ardente, sur laquelle on jeta de la poudre de santal. Tandis que la fumée odorante monte et tournoie, le ministre d’abord, puis tous les assistants, par rang de grade, dans le plus grand ordre, et le plus respectueux silence, viennent rendre hommage aux souverains, personnifiés par les tablettes sur lesquelles leurs noms sont inscrits. Cet hommage consiste à exécuter le solennel salut appelé ko-tao,’qui exige que l’on approche par trois fois le front du sol.

Quand les saluts furent terminés, on servit le thé, et, après échange de nombreux compliments, souhaits et congratulations, le ministre congédia ses hôtes qu’il invita pour le soir à un banquet. Les dames chinoises n’assistaient pas à la réception mais au premier étage de l’hôtel, elles recevaient de leur côté, en belles robes de brocard pourpre, et accomplissaient aussi la cérémonie rituelle. Le soir, elles n’étaient pas non plus présentes au dîner, qui réunissait cinquante-deux convives, tous Chinois.

Le ministre, présidant la table d’honneur, avait à sa droite M. Tsien, premier secrétaire à la légation de Pétersbourg, qui est en ce moment à Paris avec Mme. Tsien, une grande lettrée et une poétesse exquise à sa gauche, M. Ouen-Pou, le doyen des secrétaires à Paris puis, par ordre hiérarchique, étaient placés tons les convives.