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côté, des esclaves tiennent en main des éléphants. Ce dossier est tout à fait charmant mais nous aimons moins l’étoffe qui recouvre le siège et les coussins, dont le ton vineux est assez peu en harmonie avec le rouge éclatant des boiseries.

Les meubles qu’expose Koong-tai, de Canton, sont d’un style sévère et noble le bois de fer, dur comme du métal, noir comme l’ébène, est la matière que son ciseau fouille de préférence et sous lequel elle semble aussi souple que l’argile. Il n’est pas de coffret précieux, de poignées de sabres, de branches d’éventail, découpés avec plus de délicatesse que ce grand lit noir d’un si majestueux. aspect. Une sombre végétation foisonne sur les colonnes, rampe sur la corniche, s’enchevêtre, s’enguirlande, avec des légèretés de dentelle au plafond roulent des nuages sanglants desquels surgit une face de monstre, comme on doit en voir dans l’illusion des cauchemars et qui semble placée là pour donner une sinistre direction aux rêves du dormeur. Des paysages sculptés, encadrés de bois de fer et posant sur le corps de deux chimères, des écrans tout de bois de fer déchiquetés comme ces feuilles que rongent les insectes et s’appuyant sur un pied élégamment contourné ; des sièges l~rges et massifs complètent cet ameublement d’une splendeur un peu sombre. Avant de quitter la boutique de Song-Sing-Kong, nous nous arrêterons encore devant un délicieux paravent où sur la soie blanche encadrée de bois sculpté, parmi des fleurs et des feuillages d’or, des papillons, des oiseaux, des paons ouvrent leurs ailes et déploient leur somptueux plumage.