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s’appelait Kouai-mais, bien avant Orphée, cet illustre artiste se vantait de pouvoir dompter les bêtes féroces p~r le charme de sa musique et, chose plus invraisemblable, déjà en ces temps lointains, de mettre d’accord entre eux les hommes politiques. Cet empereur Chun —était lui aussi musicien et même compositeur. Il est l’auteur de cet hymne fameux, dédié aux ancêtres, qui, à travers quarante cinq siècles, nous est parvenu, paroles et musique, et est encore chanté en Chine, dans les temples, à certaines fêtes annuelles.

L’état florissant de la musique se prolongea encore plusieurs siècles après l’empereur Chun, puis elle déclina, et, à l’époque de Confucius, elle était en pleine décadence et l’illustre philsophe le déplorait amèrement. Cependant, de son temps, bien des vestiges de l’ancienne musique existaient encore, et Confucius lui-même se rendit un jour dans le royaume de King pour demander des leçons à un musicien nommé Liang, dont la réputation était grande. On disait de lui qu’il avait conservé les bonnes traditions, et le philosophe était impatient de connaître un homme aussi remarquable et de se perfectionner dans le premier des arts. Conf ucius se fit admettre au nombre des élèves de Liang et écouta ses leçons. Bientôt le’maître s’aperçut que le nouveau venu n’était pas un’écolier ordinaire, et un soir, il le retint auprès de lui. Après quelques instants de grave causerie, il se fit apporter la grande lyre nommée King, et dit à Confucius

Ecoutez attentivement la mélodie que je vais vous faire entendre.