Page:Gautier - En Chine, Les arts graphiques, 1911.djvu/101

Cette page n’a pas encore été corrigée

— Il me semble, dit-elle tout en courant, que mon talisman n’est plus aussi lucide depuis que nous avons touché une terre étrangère la voix qu’il recèle est très lointaine et confuse.

— Hélas t s’écria Cédre d’Or, que ferons-nous sans ce guide l Allons-nous perdre la trace de la précieuse relique l Me faudrait-il rester ici en exil l Et il ajouta plus bas Y resteriez-vous. avec moi !

Jade Pur rougit mais ne répondit pas.

— Chut, dit-elle, j’entends des voix et des rires. Ils étaient entrés dans la pénombre verte de la forêt. Avançant avec précaution, ils virent, entre les branches, toute une société assise en cercle dans une clairière et jouant à différents jeux avec une gaîté bruyante et un complet laisser-aller. Une belle femme se penchait vers un homme, très corpulent, à la tête rasée, qui lui parlait tout bas d’un air tendre.

— Allons nous-en, chuchota Cèdre d’Or, nous n’avons que faire de ces gens-là.

— N’est-ce pas notre voleur qui a changé de forme ?

Ils s’éloignèrent, mais Jade Pur était inquiète, comme désorientée, la pierre magique contre son oreille ne laissait plus entendre qu’un grondement sourd.

Tout à coup des flammes crépitantes brillèrent derrière des buissons et ils virent un démon effrayant qui remuait avec un trident rougi au feu un amas informe d’animaux vils et de débris humains. Le démon à la face horrible proférait des malédictions.