Comme il va pour le saisir, le gant tombe par terre.
« Dieu ! s’écrient les Français, que va-t-il arriver ?
« Ce message sera pour nous la cause de grands malheurs.«
— Vous en saurez des nouvelles, » leur répond Ganelon.Aoi.
XXVIII
Ganelon dit à l’Empereur : « Donnez-moi congé, Sire ;
« Puisqu’il y faut aller, je n’ai plus de temps à perdre.
« — Allez, » dit le Roi, « pour l’honneur de Jésus et pour le mien. »
Et, de sa main droite, il fait sur Ganelon le signe de la croix Nil lui donne l’absolution ;
Puis, lui remet le bâton et la lettre.Aoi.
XXIX
Le comte Ganelon s’en va dans sa maison
Et se prend alors à revêtir ses armes,
Les meilleures qu’il y peut trouver.
À ses pieds il fixe les éperons d’or,
À son côté ceint Murgleis, son épée,
Et monte sur son destrier Tachebrun ;
Son oncle Guinemer lui tient l’étrier.
Que de chevaliers vous eussiez vus pleurer !
Et tous : « Ô baron, lui disent-ils, quel malheur pour vous !
« Il y a si longtemps que vous êtes à la cour du Roi
« Et que l’on vous y tient pour un noble vassal !
« Quant à celui qui vous a désigné pour aller là-bas,
« Charlemagne lui-même ne saura le défendre.
« Jamais le comte Roland n’eût dû avoir une telle pensée :
« Car vous.êtes d’un si haut parentage ! »
Puis : « Seigneur, » lui disent-ils, « emmenez-nous :
« — À Dieune. plaise, » répond Ganelon.
« Tant de bons bacheliers mourir ! non, plutôt mourir seul.
« Vous, seigneurs, retournez en douce France.
« Saluez ma femme de ma part ;