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200Avec Balaguer, Tudela et Séville.
Mais, quant au roi Marsile, il s’est toujours conduit en traître
Jadis il vous envoya quinze de ses païens,
Portant chacun une branche d’olivier,
Et qui vous tinrent le même langage.
205Vous prîtes aussi le conseil de vos Français,
Qui furent assez fous pour être de votre avis.
Alors vous envoyâtes au païen deux de vos comtes :
L’un était Basan, l’autre Basile.
Que fît Marsile ? Il prit leurs têtes, là-haut, dans les montagnes au-dessous de Haltoïe.
210Faites la guerre, comme vous l’avez entreprise ;
Conduisez sur Saragosse votre armée ;
Mettez-y le siège, dût-il durer toute votre vie,
Et vengez ceux que le félon Marsile a fait mourir. »Aoi.


XV


L’Empereur tient la tête baissée.
215Il tourmente sa barbe et tire sa moustache ;
À son neveu ne répond rien, ni bien ni mal.
Tous les Français se taisent, tous, excepté Ganelon.
Ganelon se lève, s’avance devant Charles,
Et très fièrement commence son discours :
220« Vous auriez tort d’en croire les fous, .» dit-il au Roi,
« Les autres ou moi ; n’écoutez que votre avantage.
« Quand le roi Marsile vous fait savoir
« Qu’il est prêt à devenir, mains jointes, votre vassal ;
« Quand il consent à tenir toute l’Espagne de votre main
225« Et à recevoir notre-foi,
« Celui qui vous conseille de rejeter de telles offres
« N’a guère souci de quelle mort nous mourrons.
« Conseil d’orgueil ne doit pas l’emporter plus longtemps.
« Laissons les fous, et tenons nous aux sages. »Aoi.

207, Dous de voz cuntes, etc. Le récit détaillé de l’ambassade de Basin et de Basile se trouve dans la Prise de Pampelune, poème du commencement du XIVe siècle, mais écrit d’après des données traditionnelles. Nous en avons donné l’analyse dans nos Épopées françaises, 2e édition, III, 465-481 ; et M. Mussafia en a publié le texte (Vienne, 1864).