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105Le duc Samson. le fier Anséis,
Geoffroi d’Anjou, qui porte le gonfanon royal,
Gerin et son compagnon Gerier
Et, avec eux, beaucoup d’autres,
Hommes barbus et vieux,
Quinze mille chevaliers qui sont des Français de France.

(XIIIe siècle). Il ne faut pas le confondre avec Auseïs le Jeune on Anseïs de Carthage, personnage purement imaginaire et qui n’a rien de traditionnel. Ce dernier est le héros d’un poème de notre décadence épique où il est représenté comme le successeur de Roland et comme le premier roi d’Espagne après les grandes représailles de Charles contre les Sarrasins.

106. Gefreiz... le rei gun fanuniers. Geoffroi d’Anjou est un personnage historique qui a été introduit dans la légende de Roland vers la fin du Xe siècle : c’est Geoffroi Grise-Gonelle, mort en 987. Il était contemporain de Richard le Vieux, duc de Normandie, dont il sera question plus loin De l’introduction de ces deux héros dans l’épopée rolandienne, on peut conclure qu’une partie de notre légende s’est formée sous les derniers Carlovingiens et les premiers Capétiens, et il faut admettre qu’il a pu dès lors exister certains poèmes consacrés à Roland : notre Chanson n’est pas la première dont il ait été le héros. D’un autre côté, l’importance des Angevins dans notre légende a permis de regarder le Roland comme l’oeuvre d’un poète de cette province, lequel aurait voulu flatter le comte Geoffroi ou ses premiers successeurs. On en arrive ainsi à supposer que le dialecte de la PREMIÈRE REDACTION de notre poème aurait été celui d’Anjou, lequel ne se distinguait pas nettement de.celui de France. =Quoi qu’il en soit de ces hypothèses, Geoffroi l’Angevin joue un grand rôle dans tous nos vieux poèmes. Il fait partie de cette expédition de Charles en Italie, qui se termine par la défaite du Sarrasin Agolant. (Chanson d’Aspremont ? XIIIe siècle.) Dans la guerre des Saxons, il tue le roi Caloré (Chanson de Saisnes, XIIe siècle, couplets 107 et suiv.), et nous est offert comme un des chefs des barons Hérupois, soulevés contre l’Empereur. (Ce sont les Normands, les Manceaux, les Bretons, les Tourangeaux et les Angevins, toute l’ancienne Neustrie.) = Geoffroi est compté au nombre des douze Pairs par Renaus de Montauban (XIII° siècle), la Chronique de Weihenstephan (XIVe-XVe siècle) et Fierabras (XIIIe siècle). = C’est Geoffroi enfin qui, dans les Remaniements du Roland, a la charge, avec Girart d’Orléans et Guion de Saint - Omer (couplets 339 et suiv. du ms. de Paris, édition Fr. Michel), de se rendre en message auprès de Girart de Viane et d’amener la belle Aude à l’Empereur. = Thierry, qui doit vaincre Pinabel à la fin de notre chanson, est représenté dans le Roland comme le frère du duc Geoffroi (v. 3819). Dans Gaidon (XIIIe siècle), dans ce poème de la décadence, il nous est offert comme son fils, et c’est lui qui, sous le nom de Gaidon, devient duc d’Angers.

  • Gunfanuniers. Le gonfanon de

Charlemagne n’est autre que la bannière de saint Pierre ou des Papes. De là son nom de Romaine : Seint Piere fut ; si aveit num Romaine ; mais notre poète nous dira plus loin que, depuis la grande bataille de Saragosse, cette enseigne s’appela Munjoie. V. la note du v. 3094.

107. Gerins... Geriers. Ils sont compris au nombre des douze Pairs par la Chanson de Roland, par les Remaniements de Paris et de Cambridge, par la Karlamagnus Saga, etc. = Gerin seul est conservé par l’auteur d’Otinel et par celui du Voyage à Jérusalem.