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105 Sansun li dux e Anseïs li fiers,
Gefreiz d’Anjou le rei gunfanuniers,
E si i furent e Gerins e Geriers :
Là ù cist furent, des altres i ont bien :
Asez i ont des barbez e des vielz.
Des Francs de France i ad quinze milliers.

le Pythias et le Damon de notre épopée nationale. Dans le même temps, la soeur d’Olivier est fiancée à Roland, et nous allons bientôt la rencontrer dans notre drame. = Une chanson du XII° siècle, le Voyage à Jérusalem (ce n’est, à vrai dire, qu’un fabliau épique), nous montre Olivier à Constantinople, où il a de la fille du roi Hugon un fils qui sera le Galien de nos romans. —Mais le poème où la gloire d’Olivier jette le plus d’éclat, son poème, c’est Fierabras (XIIIe siècle) : il en est le héros. C’est lui qui, dans un combat interminable, lutte ici contre le géant sarrasin ; c’est lui qui convertit Fierabras. (Vers 369-1691 de l’édit. Kroeber et Servois.) Cependant le vainqueur tombe lui-même entre les mains du roi païen Balant (v. 1692-1862) et il fût mort très misérablement, s’il n’avait été délivré par la fille de Balant, par Floripas. (Vers 2713-5861.) =Dans l’Entrée en Espagne (XIIIe-XIVe siècle), Olivier est vaincu par Ferragus, fait prisonnier par les païens et délivré par Roland. (Ms. XXI de Venise, f° 27, et 80, 81.) Il combat avec son ami sous les murs de Pampelune, le suit à Nobles (Ibid., f° 177- 202), tue le Sarrasin Folquenor (f° 202- 211) et plaide tendrement pour son cher compagnon, pour son Roland que l’Empereur insulte. = La Chronique du faux Turpin (écrite en 1109-1119) ne donne pas tant d’importance à Olivier, et se contente de raconter qu’il fut enseveli à Belin. = II a certainement existé, dès le XIIIe siècle, un Galien en vers, qui n’est point parvenu jusqu’à nous, mais dont trois versions en prose nous sont restées (Bibl. nat. fr. 1470, xve siècle ; Bibl. de l’Arsenal, 3351, xve siècle ; Galien incunable). On y voit le fils de notre Olivier, Galien, cherchant son père sur toute

la surface de la terre, et le trouvant enfin sur le champ de bataille de Roncevaux, où Olivier a le temps dé le reconnaître. = Parmi tous ces éléments de la légende d’Olivier, il en est de fort anciens, et ce sont ceux qui se trouvent dans notre Boland. Les plus dignes d’attention sont ensuite ceux que nous offre Girars de Viane et néanmoins ils nous semblent postérieurs d’un ou de deuxsiècles. Le Voyage à Jérusalem, l’Entrée en Espagne et Galien n’ont rien de profondément traditionnel, et quant à la lutte d’Olivier contre Fierabras dans le poème de ce nom, il n’y faut voir qu’une des formes de ce sujet banal : « Combat d’un héros français contre un géant païen, " qui a été trajté tant de fois par nos épiques.

105. Sansun li dux. Ce personnage est compté au nombre des douze Pairs : 1° par la Chanson de Roland ; 2° par la Karlamagnus Saga (histoire islandaise de Charlemagne ; XIIIe siècle) ; 3° par les Remaniements de notre Roland (XIIIe siècle ; mss. de Paris, de Venise, de Cambridge, etc.) ; 4° par Guide Bourgogne (XIIe siècle) ; 5° par la Chronique de Weihenstephan (le manuscrit est du xve siècle, et l’original’ du XIVe), et 6° par l’Entrée en Espagne (XIIIe XIVe siècle). Il est partout représenté comme duc de Bourgogne, et c’est le père de Gui de Bourgogne. L’auteur de notre Roland, le fait mourir à Roncevaux (v. 1535) de la main du païen Valdabrun.

  • Anseïs. Il s’agit ici d’Anseïs « le

Vieux » (v. 796). Il est mis au nombre des douze Pairs par la Chanson de Roland, par les Remaniements de Paris, de Venise, de Cambridge, etc., par la Chronique de Weihenstephan, par l’Entrée en Espagne et par Otinel