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Telle est notre œuvre[1]. Elle ne nous satisfait qu’à moitié, et nous la souhaiterions encore plus vulgarisatrice. Nous ne serons heureux que le jour où nous verrons le Roland circuler entre les mains de nos ouvriers, de nos paysans et de nos soldats.

Rien n’est plus sain que cette lecture de la plus ancienne de nos Chansons de geste, et, comme nous l’avons dit ailleurs[2], rien n’est plus actuel.

Qu’est-ce après tout que le Roland, si ce n’est le récit d’une grande défaite de la France, que la France a glorieusement vengée ?

La défaite ! Nous venons d’y assister. Mais nous saurons bien la réparer un jour par quelque grande et belle victoire.

Il n’est vraiment pas possible qu’elle meure, cette France de la Chanson de Roland, cette France malgré tout si chrétienne.

Elle ne mourra point, et c’est avec un espoir immense que je redis, depuis dix ans bientôt, ce beau vers de la vieille chanson : Tere de France, mult estes dulz païs.

Et je m’empresse d’ajouter : Damnes Deus Pere, nen laissier hunir France !

LÉON GAUTIER.
  1. Nous devons ici des remerciements à tous ceux qui ont voulu nous aider en notre lourde tâche. M. Bonnardot a revu avec le plus grand soin notre texte, notre Grammaire, notre Phonétique et notre Glossaire. M. W. Foerster a fait une longue et importante revision de cette dernière partie de notre travail, et nous lui en sommes vivement reconnaissants. M. Auguste Longnon nous a communiqué toute une série d’excellentes observations sur l’étymologie et les formes successives des noms propres d’hommes. MM. de Wailly, Boucherie, Bartsch et Bauer nous ont proposé d’autres rectifications, et nous avons tenu le plus grand compte de leurs bienveillants conseils. MM. Quicherat, Demay et Robert de Lasteyrie sont les auteurs de ces dessins qui forment la parure scientifique de nos Éclaircissements et de notre Commentaire. Enfin MM. Gaston Paris et Paul Meyer ont mis fort aimablement à notre disposition les manuscrits de Lyon, de Versailles et de Cambridge.
  2. Dans l’Introduction de notre première édition, à laquelle nous avons dû faire ici plus d’un emprunt, et où l’on trouvera le développement de tout ce qui précède.