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dans son texte à côté de certaines autres conjectures qui peuvent passer pour hardies[1]. Les bonnes feuilles de l’édition Hoffmann circulent depuis longtemps entre les mains de tous les érudits d’Europe : c’était notre conviction que cet excellent livre paraîtrait avant le nôtre, et nous avons pu lui emprunter plus d’une heureuse correction. Au commencement de 1878, il nous a été enfin donné de connaître cette troisième édition de Müller que, depuis quinze ans, nous attendions avec une vive et légitime impatience. Œuvre consciencieuse, exacte, minutieuse, presque achevée, et à l’auteur de laquelle il ne manque peut-être qu’un peu plus d’initiative et d’audace[2]. M. Th. Müller n’a pas seulement la religion du manuscrit d’Oxford : il en a un peu la superstition et lui rend un culte que nous trouvons parfois un peu idolâtrique. Au milieu de toutes les indécisions qui demeurent encore dans l’esprit de tous les éditeurs, M. Stengel a eu la très heureuse idée de reproduire en fac simile tout le texte de la Bodléienne et d’en publier une édition strictement paléographique dont aucun romaniste ne pourra désormais se passer[3]. Déjà, en 1877, M. Koelbing avait publié sous cette forme le texte de Venise, lequel a autant de valeur que s’il représentait à lui seul toute une famille de textes[4]. Cependant M. Petit de Julleville essayait vaillamment du seul système de traduction qui n’eût pas encore été tenté : il traduisait le Roland en vers assonances[5]. Ce n’est pas ici le lieu de critiquer ce courageux et louable effort ; mais nous aurons peut-être l’occasion de montrer un jour les inconvénients d’un système où, à force de vouloir être exact, l’on arrive parfois à l’inexactitude.

Dans le tome III de nos Épopées françaises, nous donnons

  1. Rencesval, édition critique du texte d’Oxford de la Chanson de Roland. par Édouard Boehmer, Paris, Frank, 1872, in-18.
  2. La Chanson de Roland, nach der Oxforder Handschrift herausgegeben, erläutert und mit einem Glossar verschen, von Theodor Müller, etc. Erster theil, zweite voellig umgearbeitete auflage ; Goettingen, Dieterich, 1878.
  3. Das altfranzoesische Rolandslied ; genauer abdruck der Oxforder hs. Digby 23, besorgt von Edmund Stengel, mit einem photographischen fac-simile ; Heilbronn. Henninger frères, 1878. Le fac-simile complet a paru en même temps chez le même éditeurs : Photographische Wiedergabe des hs. Digby, 23, etc.
  4. Chez Henninger frères à Heilbronn, 1871.
  5. La Chanson de Roland, traduction nouvelle rythmée et assonancée avec une Introduction, Paris, Lemerre, 1878.