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le Costume de guerre, p. 163 des Mémoires de la Société des antiquaires de France, 1874-1873.) = « Le frein, dit le même érudit, est à branches droites ou coudées en arrière, et ces branches sont reliées ensemble par une traverse qui est percée d'un trou où les rênes sont arrêtées. » ( Voir les figures 5, 6,7, 12.)

Et maintenant, de tous ces passages de notre Chanson que nous avons soigneusement recueillis, pouvons-nous véritablement tirer quelques éléments de critique sur la date précise de cette œuvre célèbre ? Le défaut de tous les vers que nous avons cités plus haut, c'est leur manque de précision, et rien n'est plus facile à comprendre dans un poème. D'un autre côté, nous avons vu les sceaux des XIe et XIIe siècles, conservés aux Archives nationales. Or, on peut dire, d'après ces documents figurés, que depuis la fin du XIe siècle jusqu'à la seconde moitié du XIIe, il n'y a pas eu dans nos armures un seul changement véritablement radical. L'es modes ne changeaient pas alors comme aujourd'hui, et les artistes qui gravaient les sceaux se contentaient trop souvent de copier des types antérieurs. = Quoi qu'il en soit, si nous avions, d'après de si vagues documents, une conclusion à tirer, nous la formulerions en ces termes : « Il est absolument certain que les armures décrites dans notre poème sont antérieures au règne de Philippe-Auguste. Et, comme il n'est pas question de chausses de mailles dans le Roland, il est possible qu'il soit antérieur à l'époque où ces sortes de chausses ont pénétré dans notre costume de guerre. » Cette époque est la seconde moitié ou le dernier tiers du XIe siècle, et il y a déjà plusieurs chausses de mailles très nettement indiquées dans la tapisserie de Bayeux. (Vetusta monumenta, Londres, 1835, pl. XI et XII.) Mais nous avouons que cette attribution n'a rien de rigoureux. Notre poème lui-même ne nous permet pas d'aller plus loin.