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le bien des aguz esperuns. (l530.) Leur pointe a la forme d’un petit fer de lance ; conique ou losangé. ( Voir encore les figurés 5, 6 ; 7, 12, etc.) = La plus complète ; la plus exacte illustration du Roland devrait, ici comme partout ailleurs, être empruntée à la tapisserie de Bayeux. Ce monument est, en effet, de la même époque que notre vieux poème et présente la même physionomie normande et anglo-normande. Nous ne désespérons pas de donner un jour la reproduction en couleurs des principales parties de cette fameuse tapisserie. En attendant, nous faisons passer sous les yeux de nos lecteurs un des groupes de ce tableau (fig : 16), où se trouvent heureusement rassemblés les types de toutes les armures que nous avons précédemment décrites.

Fig. 16. — D’après la tapisserie de Bayeux ; fin du XIe siècle, planche IX des Vetusta monumenta.

Après le chevalier, il est très juste de parler ici du cheval ; = Le cheval est l’ami du chevalier ; mais cette affection ne se fait pas jour dans le Roland. En revanche ; dans Ogier le Danois, poème un peu postérieur et dont la légende est à peu près aussi ancienne cette amitié touchante trouve son expression : Quand le héros de ce beau poème, après de longues années de captivité ; demande à revoir son bon cheval Broiefort, on parvient à le lui retrouver, mais épuisé ; pelé, la queue coupée : « Ogier le voit ; de joie a soupiré. Il le caresse sur les deux flancs : « Ah ! Broiefort ; » dit Ogier, « quand j’étais sur vous ; j’étais ; Dieu me pardonne ; aussi tranquille que,si j’eusse été enfermé dans une tour. Le bon cheval l’entend ; il avise sur-le-champ son bon seigneur qu’il n’a pas vu depuis sept ans passés, hennit, gratte le sol du pied, puis se couche et s’étend par terre devant Ogier, par grande humilité. Le duc le voit ; il en a grand’ pitié. S’il