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Quant aux Sarrasins, ils font porter en tête de leur armée le Dragon de leur émir, l’étendard de Tervagant et de Mahomet, avec une image d’Apollin. (3268, 3550, etc.) En outre, Amboires d’Oluferne porte « l’enseigne de l’armée païenne » : Preciuse l’apelent. (3297, 3298.) = Enseigne et gunfanun paraissent, d’ailleurs, absolument synonymes.

Fig. 8 et 9.
La plus ancienne représentation de l’Oriflamme, d’après les mosaïques du triclinium de Saint-Jean-de-Latran, à Rome. ( IXe siècle.)


3° La lance et l’épée sont en réalité les seules armes offensives dont il soit question dans notre poème. Quand l’Empereur confie à Roland la conduite de l’arrière-garde, il lui donne, comme symbole d’investiture, un arc qu’il a tendu : Dunez mei l’arc que vus tenez el’ puign. (767.) Dunez li l’arc que vus avez tendut… Li Reis li dunet. (780, 781.) = Lorsque Marsile s’irrite contre les violences de Ganelon, il lui jette un algeir (l. atgeir) ki d’or fut enpenet. (439, 442.) Comme nous l’avons dit, il s’agit ici de l’ategar ou javelot saxon. = Enfin, pour achever Roland sur le champ de bataille, les hordes sauvages qui l’attaquent lui jettent des dars, des wigres, des museraz, des agiez, des giesers. (2064, 2075, 2155.) Il s’agit ici de flèches de différentes espèces. Mais ce ne sont pas là, entendons-le bien, les armes régulières, même des païens, et, encore un coup, il n’y en a point d’autres que la lance et l’épée.