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peut recevoir un nom spécial. A tout le moins, l’espiet de l’Emir s’appelle Mallet. (3152). Mais le sens de ce mot n’est pas certain. = Au haut de la lance est attaché, est « fermé » le gonfanon ou l’en- seigne. (Voir les fig. 5, 6, 7.) Le mode d’attache n’est pas spécifié, si ce n’est peut-être dans un passage des manuscrits de Venise IV et de Paris qui comble une lacune évidente du texte d’Oxford. Il y est question « de clous d’or qui retiennent l’enseigne ». (P. 142 de la présente édition.) = Ce gonfanon est de différentes couleurs. Ceux des Français, comme ceux des Sarrasins, sont blancs e vermeils e blois. (999 et 1800.) Le gonfanon de Roland est tout blanc : Laciet en sum un gunfanun tut BLANC (vers 1157) ; celui de Naimes est jaune (3427) ; etc.

Fig. 7.— D’après le sceau de Galeran, comte de Meulan. 1165.

Les enseignes sont quelquefois dorées ; Cil oret gonfanun (1811), c’est-à-dire sans doute brodées ou frangées d’or. Quelques-unes (celles des Pairs et des hauts barons) ont, en effet, des franges d’or qui descendent jusqu’aux mains du cavalier : Les renges d’or li batent jusqu’as mains. (1057.) Et telle est l’enseigne blanche de Roland. = Quand les lances sont droites et au repos, les gonfanons tombent aisément jusqu’aux heaumes : Cil gonfanum sur les helmes lur pendent. (3003.) — Le gonfanon, de forme rectangulaire, est presque toujours à trois pans, c’est-à-dire à trois langues.- (Voir les fig. 5, 6, 7. Cf. le vers 1228, etc. etc.) = Quand on enfonce la lance dans le corps d’un ennemi, on y enfonce en même temps les pans du gonfanon (1228) : El cors li met tute l’enseigne (3427) ; Tute l’enseigne li ad enz el cors mise. (3363.) = Ces petits gonfanons ne doivent pas être confondus avec la grande Enseigne, avec le Drapeau de l’armée. Geoffroi d’Anjou est le gonfanonier du Roi. (106.) C’est lui qui porte l’orie flambe : Gefreid d’Anjou portet l’orie flambe.Seint Pere fut, si aveit num Romaine ;Mais de Munjoie iloec out pris eschange. (3093, 3095.) Ce texte est confirmé par plusieurs de nos autres romans, qui représentent Roland comme l’Avoué de l’Église romaine. (Voir l’Entrée en Espagne.) Nous avons traité ailleurs des origines de cette enseigne. (Voir la note du v. 3093.)