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que pour l’assonance ? = La hanste se tenait droite quand on ne se battait pas ; d’où l’expression si fréquente : Dreites cez hanstes. (1143 et. passim.) Mais, dans le combat, on la boutait pour renverser ses adversaires ; d’où le mot plus fréquent encore : pleine sa hanste de l’&nbspcheval l’abat mort. (1204, 1229, etc.) On la tenait au poing droit : En lur puignz, destres unt lur trenchanz espiez (3868) ; et on la faisait rouler dans la paume de sa main : Sun espiet vait li ber palmeiant. (1153.) =. Nous n’avons, aucun ren- seignement dans notre poème sur la hauteur de la lance : cette hauteur, d’après tous les documentsfigurés, était considérable. L’auteur de la Chanson indique, comme par exception, que les Lorrains et les Bourguignons espiez uni forz e les hanstes sunt curtes (3080) ; telle est, en réalité, la dimension et la forme de l’épieu, qui est l’arme de chasse. C’est également par exception que le poëte signale la hanste de l’épieu de Baligant : La hanste fut grosse comme un tinel ; — De sul le fer fust uns muiez trussez. (3153, 3154.) La hanste, d’ordinaire, n’était pas si pesante ni si énorme. Elle se brisait même trop aisément : Fiert de l’espiet tant cum hanste li duret (1322) ; et l’on se rappelle Olivier n’ayant plus au poing qu’un tronçon de bois ensanglanté, ou plutôt, comme le lui dit Roland, un vrai bâton. (1351 et suivants.) = L’amure est en acier, en acier bruni : Luisent cil espiet bnun, etc. (1043) ; en acier bien fourbi (3482) et bien tranchant. (1301, 355l.) Mais, par malheur, rien dans notre texte ne nous fait connaître la forme et la dimension de l’amure. Les monuments figurés sont plus complets. (Voir les figures 5, 6, 7.) On y voit que le fer de la lance était en losange, parfois triangulaire, large et à arête médiane. (Voir Demay, le Costume de guerre.) Nos figures 5, 6, 7 en donneront une idée très exacte d’après les sceaux, et notre figure 16, d’après la précieuse tapisserie de Bayeux.

Fig. 5.— D’après le sceau de Thibaut IV, comte de Blois. 1138.

Fig. 6. — D’après le sceau de Guillaume II, comte de Nevers. 1140.

Les meilleures lances se seraient faites à Valence, suivant notre poème ; mais Valentineis ne joue-t-il pas au vers 998. le même rôle que l’acier vianeis au vers 997. ? Affaire d’assonance, peut-être. Il convient néanmoins d’observer ici que Rabelais dit, dans son Gargantua (I, 8) : Son espée ne fut valentiane ny son poignart sarragossoys. = Bien moins précieuse que l’épée, la Lance cependant