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760, Historiens de France, V, 122 ; Chronique de Moissac, de 752 à 814, Historiens de France, V, 69, 70 ; un Extrait du Moine de Saint-Gall, II, 26 ; plusieurs passages d’Anastase le Bibliothécaire, ann. 753, 772,774 ; Annales Lobienses, Pertz, II, 195 ; Chronicon Sancti Martini Coloniensis, ann. 778, Pertz, II, 214 : Chronique de Sigebert de Gembloux au XIe siècle, Hist. de France, V, 376 ; la Conversio Othgerii militis, œuvre du xe ou du xie siècle ; le tombeau d’Ogier à Saint-Faron, Acta SS. Ord. S. Benedicti, saec. iv, pars I, pp. 664, 665.) À ce groupe se rapportent la Chevalerie Ogier de Danemarche, de Raimbert ; les Enfances Ogier, d’Adenet ; la troisième branche de la Karlamagnus Saga et la quatrième du Charlemagne de Venise.

III. Vers la fin du xe siècle, une falsification du texte d’Eginhard donne lieu à la Légende du Voyage à Jérusalem. (Benedicti Chronicon, Pertz, III, 710, 711.) De là la première partie de notre Voyage à Jérusalem et à Constantinople ; de là deux récits de la Karlamagnus Saga.

IV. Au milieu du xie siècle, un moine de Compostelle écrit les cinq premiers chapitres de la prétendue « Chronique de Turpin », renfermant l’histoire de toute une croisade de Charles en Espagne. Ce récit n’a aucune influence sur le développement de notre poésie romane.

V. Antérieurement à la rédaction de la Chanson de Roland que nous venons de publier et de traduire, circulaient déjà des légendes nombreuses, et très probablement certains poèmes qui avaient pour objet plusieurs autres épisodes de la vie de Charles ou de Roland. Le texte d’Oxford fait des allusions très claires à la prise de Nobles, telle qu’elle nous est racontée dans la première branche de la Karlamagnus Saga ; à l’ambassade de Basin et de Basile, qui, bien plus tard, sera racontée à nouveau par l’auteur de la Prise de Pampelune ; à la famille d’Olivier telle qu’elle nous est présentée dans Girars de Viane. Ce n’étaient certes pas ces poèmes eux-mêmes, tels que nous les possédons, qui existaient avant notre Chanson de Roland ; mais c’étaient des Chansons analogues, assonancées et en décasyllabes, etc.

VI. Pour les traditions et légendes qui précèdent, nous avons une certitude. Nous n’ayons qu’une probabilité pour les suivantes, auxquelles il n’est fait aucune allusion dans la Chanson de Roland. Les faits qui sont délayés dans les versions du Renaus de Montauban parvenues jusqu’à nous ; ceux qui nous sont offerts, relativement à la guerre d’Espagne, dans la Kaiserscronik du XIIe siècle, dans les branches I et V de la Karlamagnus Saga, dans le second tiers de l’Entrée en Espagne, dans la Prise de Pampelune et dans la dernière partie de notre Girars de Viane, devaient circuler parmi nous, depuis un temps plus ou moins long, avant le commencement du XIIe siècle.

VII. Notre Chanson de Roland a été remaniée, rajeunie plusieurs fois. On y ajouta certains épisodes. Les uns (comme la prise de Narbonne) ont un fondement dans la tradition ; les autres (comme les deux fuites de Ganelon, son combat avec Othe, l’entrevue d’Aude et de Gilain, etc.) semblent une œuvre de pure imagination.

VIII. Entre les aimées 1109 et 1119 sont rédigés les chapitres VI et suiv. de la Chronique de Turpin, d’après des sources romanes que l’on corrompt, que l’on dénature, que l’on cléricalise. Cette œuvre apocryphe a exercé une influence considérable. Nous pensons qu’en prenant soin d’en défalquer tous les éléments cléricaux, on y trouverait la copie altérée d’un Roland antérieur au nôtre, ou, pour