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annonce que le temps est venu d’accomplir son voeu. (L’Entrée en Espagne, poème du commt du XIVe siècle renfermant des morceaux du XIIIe. Mss. fr. de Venise, XXI, f° 1, 2.) L’Empereur n’hésite pas à obéir à cette voix du ciel ; mais il n’en est pas de même de ses barons, qui prennent, trop de plaisir à la paix et s’y endorment : Roland les réveille. (Ibid., f° 2-7.) Marsile est saisi d’épouvante en apprenant l’arrivée des Français. Par bonheur, il a pour neveu le géant Ferragus, qui va défier les douze Pairs, lutte avec onze d’entre eux et, onze fois vainqueur, les fait tous prisonniers. (Ibid., 7-31.) Mais il reste Roland, et celui-ci, après un combat de plusieurs jours, finit par trancher la tête du géant, qu’il eût voulu épargner et convertir. (Ibid., 31-79.) L’action se transporte alors sous les murs de Pampelune, et elle y demeurera longtemps. Une première bataille se livre sur ce théâtre de tant de combats : Isoré, fils de Malceris, roi de Pampelune, s’illustre par d’admirables mais inutiles exploits. Il est fait prisonnier, et, sans l’intervention de Roland, Charles eût ordonné sa mort. (Ibid., 79-121.) La guerre continue, terrible. Une des plus grandes batailles d’Espagne va commencer : Roland est relégué à l’arrière-garde, et s’en indigne. (Ibid., 122-162.) Voici la mêlée ; on y admire à la fois le courage de l’Empereur et celui de Ganelon. (Ibid., 162.) Quant à Roland, il commet la faute très grave de déserter le champ de bataille avec tout son corps d’armée. Il est vrai qu’il s’empare de la ville de Nobles ; mais il n’en a pas moins compromis la victoire des Français. L’Empereur le lui reproche cruellement, et va jusqu’à le frapper. Roland s’éloigne, et quand Charlemagne, apaisé, envoie à sa poursuite, il n’est plus possible de le trouver. (Ibid., 162-220.) Roland s’embarque, et arrive en Orient ; il se met au service du « roi de Persie », délivre la belle Diones, organise l’Orient à la française et fait le pèlerinage des saints lieux. (Ibid., 220-275.) Mais il se hâte de revenir en Espagne, et tombe, tout en larmes, aux pieds de l’Empereur. (Ibid., 275-303.) La réconciliation est faite, mais la grande guerre est loin d’être finie : Pampelune, en effet, est toujours défendue par Malceris et Isoré, son fils. Leur courage ne parvient pas à sauver la ville, et Charlemagne y entre. (Prise de Pampelune, premier quart du XIVe siècle, éd. Mussafia, vers 1-170.) Par malheur, les chrétiens ne restent pas unis dans leur victoire, et une épouvantable lutte éclate entre les Allemands et les Lombards. C’est Roland qui a la gloire de les séparer, et de faire la paix. (Ibid., 170 ; 425.) Il reste à régler le sort du roi Malceris, et Charles, si cruel tout à l’heure contre les Sarrasins, devient tout à coup d’une générosité ridicule. Il veut faire de Malceris un des douze Pairs ; mais aucun d’entre eux ne veut céder sa place au nouveau venu : tous préfèrent la mort. (Ibid., 465-561.) Malceris, furieux de ce refus, parvient à s’échapper de Pampelune. (Ibid., 561-759.) Mais le fils du fugitif, Isoré, est demeuré fidèle à Charles et aux chrétiens. Il en vient, pour ses, nouveaux amis, à méconnaître jusqu’à la voix du sang et à lutter contre son père, qui, par aventure, échappe une seconde fois aux mains des Français. (Ibid., 760-1199.) Charles cependant ne perd pas l’espoir de conquérir l’Espagne, et c’est ici que commence une nouvelle série de batailles sanglantes, où il joue véritablement le premier rôle. À la tête de ses ennemis est encore Malceris, type du païen farouche et intraitable ; près de Malceris est Altumajor. Ce ne sont pas de petits adversaires. ’Dans la mêlée, le roi de France se voit tout à coup cerné par les troupes païennes, et