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sauve le Danois, dont la captivité ne dure pas moins de sept années. L’Empereur le croit mort. (Ibid., 9425-9793.) La France cependant est menacée d’un épouvantable danger : elle est envahie par le Sarrasin Brehus. Ogier seul serait en état de la sauver, et c’est alors que Charles apprend que le Danois vit encore : (Ibid., 9793-10082.) L’Empereur tombe aux genoux de son prisonnier, de son ennemi mortel, et le supplie de sauver la France. Mais Ogier est implacable, et n’y consent qu’à la condition de tuer de sa propre main Charlot, auteur de la mort de son fils. (Ibid., 10081-10776 ;) Et déjà, en effet, il lève son épée sur le malheureux fils de Charlemagne ; quand un ange descend du ciel pour empêcher ce meurtre. On s’embrasse, on s’élance au-devant de Brehus. (Ibid. ; 10870-11038.) Les Sarrasins sont battus, et Brehus est tué par Ogier, qui a vainement cherché à le convertir. (Ibid., 11039-12969.) Le Danois, décidément réconcilié avec Charlemagne, épouse la fille du roi d’Angleterre, qu’il a délivrée des infidèles. Il reçoit de l’Empereur le comte de Hainaut, et c’est là qu’il finit ses jours en odeur de sainteté. Son corps est à Meaux[1]. (Ibid., 12970-130421)

4o JEAN DE LANSON.

Jean de Lanson est un neveu de Ganelon ; un petit-fils de Grifon d’Autefeuille : il est de la race des traîtres. Il possède la Pouille, la Calabre, le Maroc, qu’il a reçus de Charlemagne. Tant de bonté n’a pas désarmé la haine qu’il porte à l’Empereur, et il ne cesse de conspirer contre lui. Il offre à sa cour un asile au traître Alori, qui a assassiné Humbaut de Liège. Cette dernière insulte met à bout la patience de Charles, et il envoie à Jean de Lanson les douze Pairs pour le défier. (Jehan de Lanson, poème du commencement du XIIIe siècle, Ms. de l’Arsenal ; 3145 ; anc. B. L. F.. 186, f° 108 et ss.) Les douze Pairs traversent toute l’Italie ; et se voient menacés par les traîtres à la tête desquels est Alori. Ibid., f° 121.) Par bonheur les messagers de Charles ont avec eux l’enchanteur Basin de Gênes, qui, autre Maugis, emploie mille ruses pour déjouer les projets d’Alori. (Ms. de la B. N. fr. 2495, f° 1-13, v° :) C’est en vain que Jean de Lanson oppose Malaquin à Basin, magicien à magicien : Basin parvient à restituer aux douze Pairs leurs épées qui leur avaient été habilement volées (Ibid., f° 14, v°), et trouve, à travers mille aventures, le secret de pénétrer en France, à Paris, où il avertit l’Empereur de la détresse de ses messagers. (Ibid., f° 15-29.) Charles réunit son armée : il marche sur la Calabre et, vainqueur dans une première bataille, met le siège devant Lanson. Ibid., f° 29-55.) Encore ici, Basin lui vient en aide. Il endort tous les habitants du palais de Lanson et le duc Jean lui-même. Charles pénètre dans ce château enchanté, et délivre les douze Pairs depuis trop longtemps prisonniers[2]. (Ibid., f° 55-64 v°.)

  1. Toute cette légende d’Ogier s’est formée EN MEME TEMPS que celle de Roland : elle a commencé dès les VIIIe-IXe siècles, et était presque achevée quand fut écrite notre Chanson. Mais ce sont là, notons-le bien, deux cycles tout à fait distincts, et qui n’ont eu entre eux aucune communication notable. Les deux légendes se sont formées chacune de leur côté, et sont toujours demeurées indépendantes l’une de l’autre. = Les origines de Renaus de Montauban semblent un peu moins anciennes, et dans Girars de Viane, la donnée générale du poème en est, à peu près, le seul élément antique.
  2. Jehan de Lanson est une œuvre littéraire, et où la légende ne tient aucune place.