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grande ville une entrée triomphale. Il a la générosité d’épargner Caraheu et Gloriande (Ibid., 3053-3073), et, chargé de gloire, reprend le chemin de la France[1]. (Ibid., 3074-3102.)

La Chevalerie Ogier nous a parlé fort longuement d’une première expédition en Italie : Aspremont, plus longuement encore, nous fait assister à une seconde campagne de l’Empereur par delà les Alpes... Charles, donc, tient sa cour un jour de Pentecôte. (Aspremont, poème de la fin du XIIe siècle ou du commencement du XIIIe, édit. Guessard, pp. 2 et 3.) Soudain, un Sarrasin arrive et défie solennellement le Roi au nom de son maître Agolant. (Ibid., p. 4.) Charles pousse son cri de guerre, et la grande armée de France se met en route vers l’Italie. Là voilà qui passe à Laon. (Ibid., p. 11.) Or, à Laon était enfermé le neveu de Charles, qu’on ne voulait pas encore mener à la guerre : car il n’avait que douze ou quinze ans. Roland s’échappe, et rejoint l’armée. (Ibid., pp. 13-16.) Charles envoie Turpin demander aide au fameux Girard de Fraite, qui d’abord répond par un refus insolent, et veut assassiner l’Archevêque (Ibid., pp. 17-18) ; mais qui, sur les conseils pressants de sa femme, se décide enfin à marcher au secours de l’Empereur. (B. N. fr. 2495, f° 85 r° — 87 r°.) Alors toute l’armée franchit les Alpes et traverse l’Italie : car c’est la Calabre qui doit être le théâtre de la grande lutte. Agolant, le roi païen, a un fils nommé Eaumont, qui est destine à devenir le héros du poème. Eaumont lutte avec Charles et est sur le point de vaincre, quand arrive Roland, qui tue le jeune Sarrasin et s’empare de l’épée Durendal. (B. Nanc. ms. Lavall., 123, f° 41 V° 43 r°.) La guerre cependant n’est pas finie : il faut que saint Georges, saint Maurice et saint Domnin descendent dans les rangs des chrétiens et combattent avec eux (Ibid., f° 64, v°— 65 ; r°) ; il faut que Turpin porte au front de l’armée le bois sacré de la vraie croix ; il faut que Dieu, par un miracle sans pareil, donne à ce bois l’éclat du soleil ; il faut, à côté de ces efforts célestes, tout l’effort humain de Charlemagne, de Roland et de Girard, pour qu’enfin les Sarrasins soient vaincus. (Ibid., f° 65, 2° et suiv.) Agolant meurt alors sous les coups de Claires, neveu de Girard (Ibid., f° 81, v°) ; Girard lui-même s’empare de Rise (Ibid.), et l’on donne le royaume d’Agolant à Florent, neveu du roi de Hongrie[2]. (Ibid., f° 81, v° — 87.)


III. LUTTES DE CHARLEMAGNE CONTRE SES VASSAUX :

GIRARD DE VIANE. Garin de Montglane, avec ses quatre fils, Renier, Mile, Hernaut et Girard, est tombé dans une misère profonde. (Girars de Viane, poème du commencement du XIIIe siècle, édition P. Tarbé,

  1. La Chevalerie Ogier repose sur des traditions de la fin du VIIIe siècle. Cf. les Enfances Ogier, qui sont un médiocre remaniement d’Adenet (deuxième moitié du XIIIe siècle) ; le Charlemagne de Venise (fin du XIIe, commencement du XIIIe siècle), où Ogier nous est représenté tout d’abord comme un écuyer inconnu ; la troisième branche de la Karlamagnus Saga (XIIIe siècle), etc.
  2. Aspremont est une œuvre de la décadence et où il n’y a d’autre élément traditionnel que cette donnée générale, ce lieu commun si cher à nos trouvères, d’une expédition française en Italie pour la délivrance de la Papauté menacée. = Cf. les Reali, dont l’affabulation est conforme à celle d’Aspremont, et qui contiennent une suite où l’on assiste aux fureurs et au châtiment de Girard de Fraite. C’est tout ce qui nous reste aujourd’hui d’une vieille Chanson qui devait avoir pour titre : Girars de Fraite.