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Le haubert déchiré jusqu’au ventre.
Mais Dieu est là qui préserve et garantit Thierri.Aoi.

CCCXVI

Thierri voit qu’il est blessé au visage ;
Le sang tout clair coule sur le pré herbu.
Alors il frappe Pinabel sur le beaume d’acier bruni,
Dont il fait deux morceaux jusqu’au nasal.
Toute la cervelle de sa tête se répand à terre.
brandit son, et l’abat raide mort.
Ce coup termine la bataille.
« Dieu a fait un miracle, » s’écrient les Français.
« Maintenant il est juste que Ganelon soit pendu,
« Lui et ses parents qui ont répondu pour lui. »Aoi.

CCCXVII

Thierri est vainqueur :
L’empereur Charles arrive,
Et, avec lui, quatre de ses barons,
Le duc Naimes, Ogier de Danemark,
Geoffroi d’Anjou et Guillaume de Blaye.
Le Roi a pris Thierri entre ses bras ;
Il lui essuie le visage avec ses grandes peaux de martre ;
Puis il les rejette de ses épaules, et on lui en revêt d’autres.
Tout doucement on désarme le chevalier ;
On le fait monter sur une mule d’Arabie,
Et c’est ainsi qu’il s’en revient tout joyeux, le baron.
On arrive à Aix, on descend sur la place.
Alors va commencer le supplice de Ganelon et de ses parents.Aoi.

CCCXVIII

Charlemagne appelle ses comtes et ses ducs :
« Quel conseil me donnez-vous sur les otages que j’ai retenus ?
« Ils sont venus au plaid pour Ganelon ;
« Ils se sont portés caution pour Pinabel.
« — Qu’ils meurent, qu’ils meurent tous, » répondent les Français,