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« Je suis tout prêt à soutenir mon avis.
« — Bien parlé, » disent les Francs.Aoi.

CCCVIII

Alors devant le Roi s’avance Pinabel.
Il est grand, il est fort, il est rapide et brave ;
Mort est celui qu’il frappe d’un seul coup.
« Sire, » dit-il au Roi, « c’est ici votre plaid :
« Ordonnez donc qu’on ne fasse point tout ce bruit.
« Voici Thierri qui vient de prononcer son jugement :
« Eh bien ! je lui donne un démenti, et me veux battre avec lui. »
Et il lui met au poing droit le gant en cuir de cerf.
« Bien, » dit l’Empereur, « mais je veux de bons otages. »
Trente parents de Pinabel servent de caution légale.
« Je vous donnerai caution, moi aussi, » dit le Roi.
Et il les fait garder jusqu’à ce que justice se fasse.Aoi.

CCCIX

Thierri, quand il voit que la bataille est proche,
Présente à Charles son gant droit ;
Et l’Empereur donne caution pour lui, et fournit des otages.
Puis Charles fait sur la place disposer quatre bancs ;
Là vont s’asseir ceux qui doivent combattre ;
Au jugement de tous, ’leur plaid est régulier :
C’est Ogier le Danois qui régla tout.
Alors : « Nos chevaux ! nos armes ! » s’écrient les deux champions.Aoi.

CCCX

Depuis qu’ils se sont mis en ligne pour leur duel,
Pinabel et Thierri se sont bien confessés, ont reçu l’absolution

et la bénédiction du prêtre ; Puis ont entendu la messe et reçu la communion, Et pour les églises ont laissé grandes aumônes. Les voilà enfin revenus devant Charles. A leurs pieds ils ont chaussé les éperons ;