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Et vous le battent à coups de. bâtons et de jougs de boeufs.
Certes il n’a pas mérité meilleur salaire ;
Et c’est ainsi que très douloureusement il attend son plaid.Aoi.

CCCI

Il est écrit dans l’ancienne Geste
Que Charles manda les hommes de toutes ses terres.
Ils se rassemblèrent dans la chapelle d’Aix.
Ce fut un grand jour, une grande fête,
Celle du baron saint Silvestre, s’il faut en croire quelques-uns.
Et c’est alors que commença le procès : c’est ici que vous aurez nouvelles,
De Ganelon qui a fait la grande trahison.
L’Empereur ordonne qu’on le traîne devant lui.Aoi.

CCCII

« Seigneurs barons, » dit le roi Charlemagne,
« Jugez-moi Ganelon selon le droit.

" graisse, ni os. — Tel est le sort « que méritent les traîtres. » -Bien dit ! » s’écrie l’Empereur, « Sa-Iomon a bien parlé. — Mais, a mon « gré, c’est encore trop de lenteurs. » « Sire Empereur, » dit Ogier le vas- " sal, — " J’ai trouvé quelque chose « de plus affreux. — Qu’on jette Ga- " nelon au fond de cette tour — Où « ne pénètre point la clarté du soleil. « — Il sera là, tout seul, avec les « bêtes qui sortiront de terre — Et « qui, de toutes parts, à droite et à « gauche, — Viendront l’assaillir et " lui feront grand mal. — Que, pour " tout l’or du monde, on ne lui donne « ni à boire ni à manger. — Quelle « honte ! quel supplice ! — Puis on " l’amènera devant le palais principal « — Et on lui permettra de manger, « à votre beau festin, — Des mets « assaisonnés de poivre et de sel. -Mais qu’on ne lui donne rien à boire, « ni eau ni vin..— Et alors, dans « une épouvantable angoisse, — Il « mourra de soif, tout comme Roland « à Roncevaux. » — « L’admirable " idée ! » dit Charles. — « Mais je ne « veux pas que ce traître pénètre ainsi « chez moi. — Seigneurs ; » ajoute « l’Empereur, « francs chevaliers « loyaux, — Ce supplice m’irait bien, « mais j’en sais un qui est plus douce loureux encore. — Qu’on attache « Ganelon à la queue de plusieurs chevaux, et qu’il soit écartelé. — Oui, « que mes comtes et mes vassaux « aillent là-haut, — Que mes barons « sortent tous, et ils vont assister au « supplice du traître. » À ces mots, prévôts et sénéchaux s’emparent de Ganelon. « Charles le roi a fait publier son ban : — « Que tous s’en aillent en " dehors de la cité. » — L’Empereur lui-même est monté en selle sur une mule — Et s’en est rapidement allé. — Les bourgeois sont là, qui désirent vivement assister à ce spectacle. -Suivant le commandement de Charles