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LE CHATIMENT DE GANELON

CCXCVIII

L’Empereur est revenu d’Espagne :
Il vient à Aix, la meilleure ville de France,
Monte au palais, entre en la salle.
Une belle damoiselle vient à lui : c’est Aude.
Elle dit au Roi : « Où est Roland le capitaine,
« Qui m’a juré de me prendre pour femme ? »
Charles en est plein de douleur et d’angoisse ;
Il pleure des deux yeux, il tire sa barbe blanche :
« Soeur, chère amie, » dit-il, « tu me demandes nouvelles d’un homme mort.
« Mais, va, je saurai te remplacer Roland ;
« Je ne te puis mieux dire : je te donnerai Louis,
« Louis mon fils, celui qui tiendra mes Marches,
" — Ce discours m’est étrange, » répond belle Aude.
« Ne plaise à Dieu, ni à ses saints, ni à ses anges,
" Que, Roland mort, je reste en vie !»
Lors elle perd sa couleur et tombe aux pieds de Charles.
La voilà morte : Dieu veuille avoir son âme !
Les barons français la pleurent et la plaignent.Aoi.

CCXCIX

Aude la belle s’en est allée à sa fin.
Le Roi croit qu’elle est seulement pâmée ;
Il en a pitié, il en pleure,
Lui prend les, la relève ;
Mais la tête retombe sur les épaules.
Quand Charles voit qu’il l’a trouvée morte,
Il fait sur-le-champ venir quatre.comtesses,
Qui la portent dans un moutier de nonnes,
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est fort allongé dans nos Remaniements. En revanche, il est abrégé dans la keiser Karl Magnus’s kronike, et tout à fait omis par la Karlamagnus Saga.