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Mais n’ad talent li facet se bien nun.
Repairiet sunt à joie e à baldur.
Passent Nerbune par force e par vigur..

1° Le manuscrit de Venise IV intercale ici le fameux récit de la prise de Narbonne par Aimeri, qui se trouve sons une autre forme dans notre Chanson d’Aimeri de Narbonne. = 2° Le texte de Paris nous offre, pour la seconde fois, le récit d’un pèlerinage de Charles au champ de bataille de Roncevaux. La forme seule est différente. = 3° Le texte de Cambridge présente la même affabulation (Nouvelle visite de l’Empereur à Roncevaux ; regrets sur Roland ; miracle des aubépines ; intervention de saint Firmin ; funérailles d’Olivier et de Roland à Blaye ; f° 64 v° — 69 v°). = 4° Le texte de Lyon, comme nous l’avons vu, n’a pas reproduit l’épisode de l’arrivée de Baligant en Espagne, et a omis complètement le récit de la bataille de Saragosse. = 5° et 6° Les textes de Versailles et de Venise VII paraissent ici plus soignés que celui de Paris, et ne répètent pas le récit du voyage à Roncevaux. Ils n’y font qu’une allusion rapide. = A PARTIR DE NOTRE VERS 3682, TOUS les textes autres que celui d’Oxford nous offrent le même récit, qu’il importe de faire connaître : « Charles donc est à Roncevaux, qui se pâme de douleur devant le corps inanimé de Roland. Il fait ensevelir son neveu, il maudit Ganelon. Prières interminables. (Couplets 330-336 du texte de Paris, édit. F. Michel.) On enterre les Français morts dans la grande bataille. Les Anges chantent, une lumière divine éclate, des arbres verts sortent miraculeusement de chaque tombe (337). Charles passe alors les défilés pyrénéens : il s’arrête à Saint-Jean-Pied-de-Port, où il fonde un moutier (338, 339). L’Empereur ordonne ensuite à Girard d’Orléans, à Guion de Saint-Omer et à Geoffroi d’Anjou de se rendre en message auprès de Girard de Viane pour le prier de venir le rejoindre et de lui amener la belle Aude (339). Puis, il envoie Bazin le Bourguignon, Garnier d’Auvergne, Guyon et Milon dans la cité de Mâcon, à sa propre sœur Gilles : ils sont chargés de la conduire à l’Empereur (340, 341). Les messagers partent : Charles s’avance en France. Il arrive à Sorgues (à Sorges, dit le manuscrit). C’est la que Ganelon s’échappe une première fois sur le destrier de Garin de Montsaor : il se dirige vers Toulouse, ou « Chastel-Monroil », ou Saragosse. Deux mille Français se jettent à sa poursuite ; le plus ardent est Othes (342-344). Ganelon rencontre des marchands qu’il trompe et qui trompent Othes sur la distance qui le sépare du fugitif (345). Il arrive par là que les Français se présentent devant l’Empereur sans s’être emparés de Ganelon. Colère de Charles (346). Un paysan indique à Othes la retraite de Ganelon. Le traître s’est endormi sous un arbre (347,348) et le bon cheval de Ganelon éveille son maître, Combat entre Ganelon et Othes. Ils luttent d’abord à pied. Puis le beaupère de Roland propose à Othes de combattre en vrais chevaliers, à cheval. Le traître s’élance sur le cheval de son adversaire, et s’enfuit (349-354). Othes se remet à la poursuite de Ganelon. Dieu fait un miracle pour lui : ses armes ne lui pèsent plus sur les épaules. Alors le fugitif tombe de cheval : nouveau combat. Sur ces entrefaites, arrivent Samson et Isoré, et l’on peut enfin se rendre maître de Ganelon, que l’on remet aux mains de l’Empereur (355-361). Charles traverse toute la Gascogne et arrive à Blaye (362).Le poète ici change la scène de son roman et nous transporte soudain près des messagers du roi qui vont à Viane. Ils y arrivent, et font leur message. Ils cachent à Girard la mort de Roland et