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CCXCIV

La chaleur est grande, la poussière s’élève ;
Les païens sont en fuite, et les Français les pressent angoisseusement ;
Jusqu’à Saragosse dura cette poursuite.
Au haut de sa tour est montée Bramimonde,
Avec ses chanoines et ses clercs,
Ceux de la loi mauvaise et que Dieu n’aime point,
Ceux qu’un sacrement n’a pas ordonnés, et qui ne portent pas la tonsure sur leurs têtes.
Quand la Reine aperçoit la déroute des païens,
Elle accourt vers Marsile et lui annonce cette nouvelle :
« Ah ! noble roi, nos hommes sont vaincus ;
« L’Émir est mort honteusement. »
Marsile l’entend, se tourne vers le mur,
Se cache le visage et pleure de ses yeux,
Puis meurt de douleur. Et, comme il est sous le poids du péché,
Les vifs diables s’emparent de son âme.Aoi.

CCXCV

Tous les païens sont morts ou en fuite ;
Charles a vaincu sa bataille.
De Saragosse la porte est abattue,
Et l’Empereur sait bien qu’on ne défendra plus la ville.
Il y entre avec son armée, il la prend,
Et les vainqueurs y couchent cette nuit.
Notre Roi à la barbe chenue, notre Roi est plein de fierté,
Et Bramimonde lui a remis les tours de la ville,
Dix grandes et cinquante petites...
Il travaille bien celui qui travaille avec l’aide de Dieu.Aoi.

d’une maladie mortelle, se tourner vers la -muraille pour prier Dieu et fondre en larmes : Et convertit Ezechias faciem suam AD PARIETEM, et oravit ad Dominum. (Isaias, xxxviii,2.)