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« Et, si je vis, vous serez bien payé d’un tel service. »
Lors, ils vont l’un près de l’autre par amour et par foi.
Vingt mille Français marchent avec eux,
Qui, tous, donnent de rudes coups et se battent fièrement.Aoi.

CCLXXXI

À travers la bataille chevauche l’Émir :
Qui lient en son poing son grand épieu tranchant.
Il se jette sur le comte Guinemant,
Contre le cœur lui fracasse l’écu blanc,
Met en pièces les pans du haubert,
Lui partage les côtes,
Et l’abat mort de son cheval rapide.
L’Émir ensuite tue Gebouin, Laurent,
Et le vieux Richard, seigneur des Normands.
« La brave épée que Précieuse, » s’écrient alors les païens ;
« Nous avons là un puissant champion. Frappez, barons, frappez. »Aoi.

CCLXXXII

Il fait beau voir les chevaliers païens,
Ceux d’Occiant, ceux d’Argoilles et de Bascle
Frapper dans la mêlée de beaux coups de lance ;
Mais les Français n’ont pas envie de leur céder le champ.
Il en meurt beaucoup des uns et des autres,
Et jusqu’au soir la bataille est très rude.
Les barons de France firent là de grandes pertes.
Que de douleurs encore avant la fin de la journée !Aoi.

CCLXXXIII

Français et Arabes frappent à qui mieux mieux ;
Le bois et l’acier fourbi des lances sont mis en pièces.
Ah ! qui eût vu tant d’écus en morceaux,
Qui eût entendu le heurt de ces blancs hauberts
Et de ces beaumes qui grincent contre les boucliers ;
Qui eût alors vu tomber tous ces chevaliers,