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Il en fracasse la moitié,
Et, du tranchant de l’acier, coupe cinq des lacs qui le retenaient.
Le capelier ne saurait préserver le duc,
La coiffe est tranchée jusqu’à la chair,
Et un lambeau en tombe à terre.
Le coup fut rude, et Naimes en fut abasourdi comme par la foudre :
Il fût tombé sans l’aide de Dieu.
Il est là, qui se retient par le bras au cou de son "cheval :
Si le païen frappe un second coup,
C’en est fait du noble vassal, il est mort !
Mais Charles de France arrivé à son secours.Aoi.

CCLXXIX

Dieu ! dans quelle angoisse est le duc Naimes !
Le païen va se hâter de le frapper encore :
« Misérable, ce coup te portera malheur, » dit alors la voix de Charles.
Et, très vaillamment, le roi s’élance sur le Sarrasin ;
Il lui brise son écu, le lui fracassé contre le cœur,
Lui rompt la ventaille du haubert,
Lui passe sa grande-lance à travers le corps-,
Et l’abat raide mort ; La selle reste vide.Aoi.

CCLXXX

Grande fut la douleur dû roi Charlemagne,
Quand il vit le Naimes blesse là, devant lui,
Quand il vit courir le -sang clair sur l’herbe verte.
Alors il lui a donné un bon conseil :
« Beau sire Naimes, chevauchez tout près de moi.
" Quant au misérable qui vous a mis en cette détresse, il est mort ;
« Je lui ai mis mon épieu dans le corps :
« — Je vous crois, Sire, » répond le duc,

Voir l’Éclaircissement III.

3435. Capeliers. C’était une petite plaque de fer que les chevaliers portaient sous le beaume et sous le capuchon de mailles pour mieux préserver leur crâne contre les coups d’épée.