Page:Gautier - Chanson de Roland onzieme edition 1881.djvu/361

Cette page n’a pas encore été corrigée

CCLXXVI

L’Empereur exhorte ses Français :
« Seigneurs barons, je vous aime et ai confiance en vous.
« Vous avez déjà livré pour moi tant de batailles,
« Conquis tant de royaumes, détrôné tant de rois !
« Je vous en dois le salaire, c’est vrai, et je le reconnais.
« Ce salaire, ce seront des terres, de l’argent, mon corps même, s’il le faut.
« Or donc, vengez vos fils, vos frères et vos hoirs,
« Qui l’autre jour sont morts à Ronçevaux.
« Vous savez que le droit est pour moi contre les païens.
« — C’est la vérité, Sire, » répondent les Français.
Charles en a vingt mille avec lui,
Qui d’une seule voix.lui engagent leur foi.
Quelle que soit leur détresse, et même devant la mort, ils ne feront jamais défaut à l’Empereur.
Tous alors jouent de leur lance
Et frappent sans retard de l’épée.
La bataille est pleine de merveilleuse angoisse.Aoi.

CCLXXVII

Malprime, le baron, chevauchait au milieu de la mêlée,
Et il y avait fait un grand massacre de Français ;
Mais voici que le duc Naimes lui lance un regard terrible
Et, d’un très vigoureux coup, va le frapper.
Il lui arrache le cuir qui recouvre le haut de son écu,
Lui enlève l’orfroi qui ornait les deux pans de son haubert,
Et lui enfonce dans le corps son gonfanon de couleur jaune.
Entre sept cents autres il l’abat raide mort.Aoi.

CCLXXVIII

Le roi Canabeu, le frère de l’Émir,
Pique alors son cheval des éperons,
Tire son épée au pommeau de cristal,
Et en frappe Naimes sur le beaume princier :