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Enfin les soldats barbus de Val-Fonde forment le dixième et dernier corps d’armée :
C’est une race qui fut toujours l’ennemie de Dieu.
Tel est, d’après les Chroniques de France, le dénombrement de ces trente colonnes.
Elle est grande, cette armée où tant de clairons retentissent !
Voici que les païens s’avancent, et ils ont tout l’air de vaillants soldats...Aoi.

CCLXV

L’Émir — un très riche et très puissant homme —
A fait devant lui porter le Dragon qui lui sert d’enseigne,
Avec l’étendard de Tervagan et de Mahomet,
Et une idole d’Apollon, ce méchant dieu.
Dix Chananéens chevauchent alentour,
Et s’écrient, d’une voix très haute :
« Qui veut être préservé par nos dieux
« Le prie et serve en toute componction. »
Païens alors de baisser la tête et le menton,
Et d’incliner leurs beaumes clairs :
« Misérables ! » leur crient les Français, « voici l’heure de votre mort.
« Puissions-nous aujourd’hui vous voir honteusement vaincus !
« Que notre Dieu préservé Charlemagne, ...
« Et que cette bataille soit une victoire pour notre empereur ! »Aoi.

CCLXVI

L’Émir est un homme de grand savoir ;
Il appelle son fils et les deux rois :....
« Seigneurs barons, votre place est sur le front de l’armée,
« Et c’est vous qui conduirez toutes mes colonnes ;
« Je n’en garde avec moi que trois, mais des meilleures ;
« L’une composée de Turcs, l’autre d’Ormalois,
" La troisième des géants de Malprouse.
« Les gens d’Occiant resteront à mes côtés,
« Et je les mettrai aux prises avec Charles et les Français.
« Si l’Empereur veut lutter avec moi,