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Il saisit sa lance acérée, son écu.
Son corps est beau, gaillard et avenant ;
Son visage est clair, et belle est sa contenance.
Très ferme sur son cheval, il s’avance.
Et les clairons de sonner par devant, par derrière ;
Le son de l’olifant domine tous les autres.
Les Français ont pitié de Roland, et pleurent.Aoi.

CCLVII

L’Empereur chevauche bellement ;
Sur sa cuirasse il a étalé toute sa barbe,
Et, par amour pour lui, tous ses chevaliers font de même.
C’est le signe auquel on reconnaît les cent mille Français.
Ils passent ces montagnes ; ils passent ces hautes roches ;
Ils traversent ces profondes vallées, ces défilés horribles.
Ils sortent enfin de ces passages, et les voilà hors de ce désert,
Les voilà dans la Marche d’Espagne.
Ils y font halte au milieu d’une plaine. ;.
Cependant Baligant voit revenir ses éclaireurs,
Et un Syrien lui rend compte de son message
« Nous avons vu, » dit-il, « l’orgueilleux roi Charles :
« Ses hommes sont terribles et ne feront pas faute à leur roi.
« Vous allez avoir bataille : armez-vous.
« — Bonne nouvelle pour les vaillants, » s’écrie Baligant :
« Sonnez les clairons, pour que mes-païens.le sachent. »Aoi.

CCLVIII

Alors, dans tout le camp, ils font retentir leurs tambours,
Leurs cors, leurs claires trompettes,
Et les païens commencent à s’armer.
L’Émir ne se veut pas mettre en retard :
Il revêt un haubert dont les pans sont brodés ;
Il lace son beaume couvert de pierreries et d’or,
Et à son flanc gauche ceint son épée.
À cette épée, dans son orgueil, il a trouvé un nom ;