Page:Gautier - Chanson de Roland onzieme edition 1881.djvu/290

Cette page n’a pas encore été corrigée

« Nostre cheval sunt las e ennuiet ;
2485 « Tolez les seles, les freins qu’il unt es chiefs,
« E par ces prez les laissiez refreidier. »
Respundent Franc : « Sire, vus dites bien, »Aoi.

CCXII

Li Emperere ad prise sa herberge ;
Franceis descendent entrel’ Sebre e Valterne.
2490 A lur chevals unt tolues les seles,
Les freins ad or lur metent jus des testes ;
Livrent lur prez : asez i ad fresche herbe ;
D’altre cunreid ne lur poedent plue faire,
Ki mult est las il se dort contre tere ;
2495 Icele noit n’unt unkes escalguaite.Aoi.

CCXIII

Li Emperere s’est culchiez en un pret :
Sun grant espiet met à sun chief li ber ;
Icele noit ne s’ voelt il desarmer,
Si ad vestut sun blanc osberc safret,
2500 Laciet sun helme ki est ad or gemmez,
Ceinte Joiuse, unkes ne fut sa per,

2501. Joiuse. Voici quelques propositions qui résumeront l’histoire légendaire de l’épée Joyeuse : 1° Suivant la version de Fierabras (XVIIIe siècle), Joyeuse était l’oeuvre du forgeron Veland. Suivant Mainet (XIIe siècle) : Isaao, li ions fevres. gui sor tos ot bonté — La forgea et trempa ens el’ val Josué. (Romania, 1V, pp. 326, 327.) = 2° Dans le Charlemagne de Girard d’Amiens (commencement du XIVe s.), on lit qu’elle avait d’abord appartenu à Pépin. =3° D’après le Mainet, du XIIe siècle, Charles, au moment d’engager contre Braimant ce combat dont Galienne est le prix, refuse l’épée que lui offre Galafre. Il est trop chrétien pour se servir d’une arme dans le pommeau de laquelle on a, suivant le poète, placé deux dents de Mahomet : « J’en ai une autre, » s’écrie-t-il, « qui a d’abord appartenu au premier « roi chrétien de la France. Son nom « est Joyeuse. Elle a un demi-pied de « large.» Le fils de Pépin se fait alors apporter la célèbre épée, et l’auteur du Mainet constate que le pommeau renfermait des reliques « du saint Sépulcre, de saint Jean l’ami de Dieu, de saint Pancrace et de saint Honoré »: Les reliques fremirent el poing d’or noielé, — Très par roi le cristal où sont enseelé, — Les puet-on bien veoir ou l’or transfiguré = 4° Suivant la Cronica général de Espana (XIIIe s.), ce fut Galienne elle-même qui donna Giosa à Charles. Et la Gran conquista de ultramar (fin du XIIIe siècle) con-