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« Mais tu peux maintenant te venger de la gent criminelle. »
À ces mots, l’Empereur remonte à cheval.Aoi.

CCX

Pour Charlemagne Dieu fit un grand miracle ;
Car le soleil s’est arrêté, immobile, dans le ciel.
2460Les païens s’enfuient ; mais les Français les poursuivent,
Et, les atteignant enfin au Val - Tenebres,
A grands coups les poussent sur Saragosse ;
Ils les frappent terriblement, ils les tuent ;
Ils leur coupent leurs chemins et leurs voies.
2465Devant eux est le cours de l’Èbre :
Le fleuve est profond et le courant terrible.
Pas de bateau, pas de dromond, pas de chaland.
Alors les Sarrasins invoquent Mahomet, Tervagant,
Et Apollon, pour qu’ils leur viennent en aide.
Puis ils se jettent dans l’Èbre, mais n’y trouvent pas le salut.
2470Parmi les chevaliers qui sont les plus pesants,
Beaucoup tombent au fond ;
Les autres flottent à vau-l’eau ;
Les plus heureux y boivent rudement.
Tous finissent par être noyés très cruellement ;
2475« Vous avez vu Roland, » s’écrient les Français ; « mais cela ne vous a point porté bonheur. »Aoi.

CCXI

Quand Charles voit que tous les païens sont morts,
Les uns tués, les autres noyés ;
Quand il voit que ses chevaliers ont fait un grand butin,
Le noble roi est descendu à pied :
2480Il s’étend à terre et remercie Dieu...
Quand il se releva, le soleil était couché.
« C’est l’heure, » dit-il, « de songer au campement-:
« Car il est trop tard pour revenir à Roncevaux.

tant — Qu’il fist miracles por lui en son vivant (y. 18, 19), et dans les Saisnes (fin du XIIe siècle) : Et Charlemagne d’Aiz que Dex parama tant -Qu’il fist maint bel miracle por lui en son vivant (laisse I).