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Mais le duc Naimes s’est conduit en preux,
Et, le premier, a dit à l’Empereur":
2425« Voyez-vous là-bas, à deux lieues de nous,
« Voyez-vous la poussière qui.s’élève des grands chemins ?
« C’est la foule immense de l’armée païenne.
« Chevauchez, Sire, et Vengez votre douleur.
« — Grand Dieu ! » s’écrie Charles, « ils sont déjà si loin !
2430« Le droit et l’honneur, voilà, Seigneur, ce que je vous demande ;
« Ils m’ont enlevé la fleur de douce France. »
Alors le roi donne des ordres à Gebouin et à Othon,
À Thibaut de Reims et au comte Milon :
« Vous allez garder ce champ, ces vallées et ces montagnes.
2435« Vous y laisserez les morts étendus comme ils sont ;
« Mais veillez à ce que les Iions et les bêtes sauvages n’y touchent pas,
« Non plus que les écuyers et les garçons.
« Je vous défends de laisser personne y porter là main,
« Jusqu’à ce que nous soyons de retour, par la grâce de Dieu. »
2440Et les quatre barons lui répondent doucement, par amour :
« Ainsi ferons-nous, cher Sire, droit empereur. »
Ils retiennent avec eux mille de leurs chevaliers.Aoi.

CCIX

L’Empereur fait sonner ses clairons ;
Puis il s’avance à cheval, le baron, avec sa grande armée ;
2445Enfin ils trouvent la trace des païens,
Et, d’une ardeur commune, commencent la poursuite.
Mais le Roi s’aperçoit alors que le soir descend ;
Il met pied à terre sur l’herbe verte ; dans un pré,
S’y prosterne, et supplie le Seigneur Dieu
2450De vouloir bien pour lui arrêter le soleil-,
Dire à la nuit d’attendre, au jour de demeurer.
Voici l’Ange qui a coutume de parler avec l’Empereur
Et qui, rapide, lui donne cet ordre :
« Chevauche, Charles : l’a clarté ne te fera point défaut.
2455« Tu as perdu la fleur de la France, Dieu le sait ;

est dit aux vers 2526 et 2847.