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Il bat sa coulpe, il répète son mea culpa.
2365Pour ses péchés, au ciel il tend son gant :
Les Anges de Dieu descendent d’en haut et, sans retard, le reçoivent.Aoi.

CCV

Roland sent que son temps est fini.
Il est là, au sommet d’un pic qui regarde l’Espagne ;
D’une main il frappe sa poitrine :
« Mea culpa, mon Dieu, et pardon au nom de ta puissance,
2370« Pour mes péchés, pour les petits et pour les grands,
«Pour tous ceux que j’ai faits depuis l’heure de ma naissance
« Jusqu’à ce jour où je suis parvenu. »
Il tend à Dieu le gant de sa main droite,
Et voici que les Anges du ciel s’abattent près de lui.Aoi.

CCVI,

2375Il est là, gisant sous un pin, le comte Roland ;
Il a voulu se tourner du côté de l’Espagne.
Il se prit alors à se souvenir de plusieurs choses :
De tous les pays qu’il a conquis,
Et de douce France, et des gens de sa famille,
2280Et de Charlemagne, son seigneur, qui l’a nourri ;
El des Français qui lui étaient si dévoués.
Il ne peut s’empêcher d’en pleurer et de soupirer.
Mais il ne veut pas se mettre lui-même en oubli,
Et, de nouveau, réclame le pardon de Dieu :
« O notre vrai Père, » dit-il, « qui jamais ne mentis,
2385« Qui ressuscitas saint Lazare d’entre les morts
« Et défendis Daniel contre les lions,
« Sauve, sauve mon âme et défends-la contre tous périls,
« A cause des péchés que j’ai faits en ma vie. »
Il a tendu à Dieu le gant de sa main droite ;

chrétiennes, c’est l’idée même dont s’inspirent les liturgies funéraires, et qui fit mettre aux lèvres du preux Roland ce cri suprême : « O notre vrai « Père, toi qui ressuscitas saint Lazare « d’entre les morts et qui défendis Daniel contre les lions, sauve mon âme « et protège-la contre tous périls » C’est à tort que les Remaniements donnent plus d’étendue à cette naïve prière.