Page:Gautier - Chanson de Roland onzieme edition 1881.djvu/277

Cette page n’a pas encore été corrigée


CCIII

Pour la troisième fois, Roland frappe sur une pierre bise :
Plus en abat que je ne saurais dire.
2340L’acier grince ; il ne rompt pas :
L’épée remonte en amont vers le ciel.
Quand le Comte s’aperçoit qu’il ne la peut, briser,
Tout doucement il la plaint en lui - même :
« Ma Durendal, comme tu es belle et sainte !
2345« Dans ta garde dorée il y a bien dés reliques :
« Une dent de saint Pierre, du sang de saint Basile,
« Des cheveux de monseigneur saint Denis,
« Du vêtement de la Vierge Marie.
« Non, non, ce n’est pas droit que païens te possèdent.’
2350« Tu ne dois être servie que par des mains chrétiennes.
« Combien de batailles j’aurai par loi menées à fin,
« Combien de terres j’aurai par toi conquises,
« Que tient Charles à la barbe fleurie
« Et qui sont aujourd’hui la puissance et la richesse de l’Empereur !
« Plaise à Dieu que-tu ne tombes pas aux mains d’un lâche !
« Que Dieu n’inflige point cette honte à la France ! »Aoi.

CCIV

2355Roland sent que là mort l’entreprend
Et qu’elle lui descend de la tête sur le cœur.
Il court se jeter sous un pin :
Sur l’herbe verte il se couche face contre terre ;
II met sous lui son olifant et son épée,
2360Et se tourne la tête contre les païens.
Et pourquoi le fait-il ? Ah ! c’est qu’il veut’
Faire dire à Charlemagne et à toute l’armée des Francs,
Le noble comte, qu’il est mort en conquérant.

ration de ces reliques a varié suivant ! les Remaniements. Il y a là quelques éléments de critique pour établir la provenance et l’âge de ces différents textes.