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Turpin s’écrie : « Mea culpa ! » lève les yeux en haut,
2240Joint ses deux mains et les tend vers le ciel,
Prie Dieu de lui donner son paradis...
Il est mort, Turpin ; il est mort au service de Charles,
Celui qui par grands coups de lance et par très beaux sermons
N’a jamais cessé de guerroyer les païens.
2245Que Dieu lui donne sa sainte bénédiction !Aoi.

CXCVI

Quand Roland voit que l’Archevêque est mort,
Jamais n’eut plus grande douleur, si ce n’est pour Olivier.
Il dit alors un mot qui perce le cœur.:
« Chevauche, Charles de-France, le plus vite que tu pourras :
« Car il y a grande perte des nôtres à Roncevaux.
« Mais le roi Marsile y a aussi perdu son armée,
« Et contre un de nos morts, il y en a bien quarante des siens. »Aoi.

CXCVII

Le comte Roland voit l’Archevêque à terre.
Ses entrailles lui sortent du corps,
Et sa cervelle lui bout sur la face, au-dessous de son front.
Sur le milieu de sa poitrine, entre les deux épaules,
2250Roland lui a croisé ses blanches mains, les belles.
Et tristement, selon la mode de son pays, lui fait son oraison :
« Ah ! gentilhomme, chevalier de noble lignée,
« Je vous remets aux mains du Glorieux qui est dans le ciel.
« Il n’y aura jamais homme qui le serve plus volontiers,
2255« Non, depuis les Apôtres, on ne vit jamais tel prophète
« Pour maintenir chrétienté, pour convertir les hommes.
« Puisse votre âme être exempte de toute douleur,
«Et que du paradis les portes lui soient ouvertes ! »Aoi.

2249. Furcheles. V. les Notes pour l’établissement du texte.