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2210« Pour briser une lance, pour mettre en pièces un écu,
« Pour rompre et démailler un haubert,
« Pour conseiller loyalement les bons,
« Pour venir à bout des traîtres et des lâches,
« Jamais, en nulle terre, il n’y eut meilleur chevalier. »Aoi.

CXCIII

2215Le comte Roland, quand il voit morts tous ses pairs
Et Olivier, celui qu’il aimait tant,
Il en a de la tendreur dans l’âme ; il se prend à pleurer ;
Tout son visage en est décoloré.
Sa douleur est si forte qu’il ne peut se soutenir ;
2220Bon gré, mal gré, il tombe en pâmoison ;
Et l’Archevêque : « Quel malheur, » dit-il, « pour un tel baron ! »Aoi.

CXCIV

L’Archevêque, quand il vit Roland se pâmer,
En ressentit une telle douleur, qu’il n’en eut jamais de si grande.
Il étend la main et saisit l’olifant.
2225En Roncevaux il y a une eau courante ;
Il y veut aller pour en donner à Roland.
Il fait un suprême effort, et se relève ;
Tout chancelant, à petits pas, il y va ;
Mais il est si faible qu’il ne peut avancer ;
Il n’a pas la force, il a trop perdu de son sang.
2230Avant d’avoir marché l’espace d’un arpent,
Le cœur lui manque, il tombe en avant :
Le voilà dans les angoisses de la mort.Aoi.

CXCV

Alors le comte Roland revient de sa pâmoison,
Il se redresse ; mais, hélas ! quelle douleur pour lui !
2235Il regarde en aval, il regarde en amont ;
Au delà de ses compagnons, sur l’herbe verte,
Il voit étendu le noble baron,
L’Archevêque, le représentant de Dieu.
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