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E si œuvat Engelier le Guascuin,
E si œuvat Berengier e Otun ;
Iloec œuvat Anseïs e Sansun,
Truvat Gerart le vieil de Russillun.
2190 Par un e un i ad pris les baruns.
À l’Arcevesque en est venuz atut :
Si ’s mit en reng dedevant ses genuilz.
Li Arcevesques ne poet muer n’en plurt,
Lievet sa main, fait sa beneïçun.
2195 Après, ad dit : « Mare fustes, seignurs.
« Tutes vos anmes ait Deus li glorius !
« En pareïs les metet en seintes flurs !
« La meie mort me rent si anguissus :
« la ne verrai le riche Empereür. »Aoi.

CXCII

2200 Rollanz s’en turnet, le camp vait recerchier.
De suz un pin, de lez un eglentier,
Sun cumpaignun ad œuvet Olivier ;
Cuntre sun piz estreit l’ad embraciet ;
Si cum il poet, à l’Arcevesque en vient,
Sur un escut l’ad as altres culchiet ;
2205 E l’Arcevesques l’ad asolt e seigniet.
Idunc agrieget li doels e la pitiét.
Ço dit Rollanz : « Bels cumpainz Oliviers,
« Vus fustes filz à l’ bon cunte Renier,
« Ki tint la marche tresqu’à Gennes el’ rivier ;

2208. Renier. Le comte Renier de Gennes joue un rôle très important dans le roman de Girars de Viane, lequel est moins profondément traditionnel que notre Roland, mais d’une antiquité encore respectable, = Renier est fils de Garin de Montglane ; il est frère de Girart de Vienne, de Mile de Pouille et d’Hernaut de Beaulande. Après avoir soulagé la misère de son vieux père, il part avec Girart, et arrive, en quête d’aventures, à la cour de Charlemagne. (Édit. P. Tarbé, pp. 1-12.) Il ne s’y fait d’abord connaître que par ses brutalités, et force ainsi l’Empereur à le prendre à son service. (Ibid., pp. 11-20.) Alors il fait oublier sa grossièreté et son orgueil, en se rendant véritablement utile au roi de France et en délivrant les environs de Paris des brigands qui les infestaient. Mais sa nature violente reprend bientôt le dessus, et il réclame à Charles la récompense de tant de services. (Ibid., pp. 20-32.) Le roi de Saint-Denis s’empresse de se débarrasser de ce dangereux ami. Il l’envoie à Gennes épouser la fille du feu duc. (Ibid., pp. 30-32.)