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Le baron saint Gilles, pour qui Dieu fait des miracles.
Il en écrivit le récit au moutier de Laon.
Qui ne sait ces choses n’y entend rien.Aoi.

CLXXXIV

Il se bat noblement, le comte Roland :
2100Il a tout le corps en sueur et en feu ;
Mais surtout quel mal, quelle douleur dans la tête !
D’avoir sonné son cor sa tempe est tout ouverte ;
Toutefois il voudrait bien savoir si Charles viendra.
De nouveau il prend son cor et en tire un son, bien faible, hélas !
2105L’Empereur, là-bas, s’arrêta et l’entendit :
« Seigneurs, dit-il. tout va mal pour nous,
« Et mon neveu Roland va nous manquer aujourd’hui.
« Aux sons de son cor. je vois qu’il n’a plus longtemps à vivre.
« Si vous désirez arriver à temps, pressez vos chevaux.
2110« Tout ce qu’il y a de trompettes dans l’armée. qu’on les sonne ! »
Alors on sonne soixante mille trompettes, et si haut
Que les monts en retentissent et que les vallées y répondent.
Les païens les entendent, ils n’ont garde de rire :
« C’est Charles qui arrive, » disent-ils l’un à l’autre, « c’est Charles !»Aoi.

Magnus’s kronike. (Édit. de 1867, p. 130.) Après avoir énuméré les prodiges qui annoncèrent la mort de Roland, l’auteur danois cite, à l’appui de son récit, le témoignage de saint Gilles : « Le même jour il arriva un grand miracle chez les Franks. Il se fit aussi obscur que s’il avait été nuit. Le soleil ne donna plus de lumière, et maint nomme craignit pour sa vie. Saint Gilles dit que ce miracle arrivait à cause de Roland, parce qu’il devait mourir ce jour-là. » = Voilà quelles sont les données de la légende au sujet de saint Gilles. De là à le supposer auteur d’une Geste écrite, ou d’un récit de ce combat dans une charte conservée à Laon, il n’y a pas loin, pour qui connaît les coutumes littéraires du moyen âge. « Il n’est pas étonnant, avons-nous dit ailleurs, qu’on ait mis sur le compte d’un saint aussi populaire une relation apocryphe de la défaite de Roncevaux. » = Il NE FAUT RIEN CHERCHER DE PLUS DANS LES QUATRE VERS QUI SONT L’OBJET DE CETTE NOTE : telle notre conclusion. = Le scribe italien auquel nous devons le manuscrit de Venise IV n’a pas comprisseint Gilie, et a substitué : Li ber san Guielmo. C’est une allusion peu intelligente à Guillaume d’Orange, qui était, au delà des Alpes, bien plus populaire que saint Gilles. = Pur te Deus fait vertuz. Saint Gilles, D’APRÈS TOUS LES MONUMENTS LITURGIQUES, est particulièrement célèbre comme thaumaturge : Miraculorum coruscans virtutibus, dit la plus ancienne des proses qui lui ont été consacrées. (Mone, Hymni latini medii aevi, II, 165.)