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« El j’ai tant de blessures aux côtés et aux flancs •
« Que le clair sang coule de toutes parts.
« Tout mon corps va s’affaiblissant,
« Et je sens bien que je vais mourir.
« Je suis votre homme, Roland, et vous tiens pour mon seigneur mon appui.
« Si je me suis enfui, ne m’en blâmez.
« — Je n’en veux rien faire, » dit le comte Roland.
« Mais, tant que vous vivrez, aides-moi. »
Roland est tout en sueur, de colère et de douleur.
Il tranche en deux les pans de son bliaud
Et se met à bander les flancs de Gautier.Aoi.


CLXXXI


Roland est plein de douleur, Roland est plein de rage.
Dans la grande mêlée, il commence à frapper ;
Il jette à terre vingt-cinq païens d’Espagne, raides morts.
Gautier en tue six, l’Archevêque cinq.
2060« Quels terribles hommes ! » s’écrient les païens.
« Prenons garde qu’ils ne s’en aillent vivants :
« Ils nous ont fait tant de mal qu’il ne faut pas faire de prisonniers,
« Mais massacrer et tuer tout.
« Honte à qui n’ira pas les attaquer !
« Honte surtout à qui les laisserait échapper ! »
Alors recommencent les cris, et les huées,
2065Et de toutes parts les païens envahissent les trois Français.
Que Dieu, qui jamais ne mentit, que Dieu vienne à leur aide !Aoi.




CHARLEMAGNE APPROCHE


CLXXXII


Le comte Roland fut très hardi et fier,
Et Gautier de l’Hum fut un très bon chevalier.
Pour l’Archevêqué, c’est un brave éprouvé.