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Et voilà qu’il appelle Roland : « À mon aide ! à mon aide !
2045« Hé !» s’écriert-il, «noble comte, vaillant homme, où es-tu ?
« Dès que je te sentais là, je n’avais jamais peur.
« C’est moi, c’est moi, Gautier, qui vainquis Maëlgut ;
« C’est moi, le neveu du vieux Drouon, de Drouon le chenu :
« C’est moi que mon courage avait rendu digne d’être ton ami.
« Je me suis tant battu contre les Sarrasins
2050« Que ma lance en est rompue et mon écu percé ;
« Mon haubert est en lambeaux,
« Et mon corps est criblé de coups de lance.
« Je vais mourir, mais je me suis chèrement vendu. »
À ce mot, Roland l’a entendu ;
2055Il pique son cheval et galope vers lui.Aoi.

CLXXX

« Sire Gautier, » lui dit le comte Roland,
« Vous avez eu grande bataille contre la gent païenne ;
« Or, vous étiez un brave et un vaillant
« Et m’aviez emmené mille bons chevaliers.■
« Ils étaient à moi, c’est pourquoi je vous les demande.
« Rendez-les-moi : car j’en ai grand besoin.
« — Morts, » répond Gautier. « Plus ne les verrez,
« Et j’ai laissé tous leurs corps sur le champ douloureux.
« Nous avons, là-haut, trouvé tant de-Sarrasins !
« Il y avait des Chananéens, des Géants, des Arméniens et des Turcs,
« Et ceux de Balise, qui sont leurs meilleurs soldats,
« Sur leurs chevaux arabes qui vont si vite.
« Nous avons si rudement mené cette bataille
« Que pas un païen ne s’en vantera.
« Soixante mille sont morts et gisent à terre.
« Ah ! nous noussommes bien vengés, à coups de nos épees d’acier,
« Mais nous y avons perdu tous nos Français.
« Les pans de mon haubert sont en pièces,

gut et Droün sont des personnages dont les noms figuraient sans doute en des Chansons que nous n’avons plus. 2055. Lacune comblée, V. le vers 318.