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« II a perdu Roland, confondu ma gent
« Et m’arrache vraiment là couronne de la tête.
« La France, pour se défendre, n’a plus de chevaliers ! »
Charles pleure des yeux-, tire sa barbe blanche.
« Malheureux, » disent les Français. « Quelle douleur pour nous d’être nés ! »
Ils éperonnent, tant que dure le passage des défilés,
Pas un ne retient la.rene à son cheval ;
Mais, avant que les Français soient arrivés sur le champ de bataille,
Roland aura gagné la victoire
Et mis en fuite Marsile et ses païens.Aoi.




LA DEROUTE


CLXV


Roland jette les yeux sur les monts, sur les landes :
Que de Français il y voit étendus !
En noble chevalier il les pleure :
« Seigneurs barons, que Dieu prenne pitié de vous
1855« Qu’à toutes vos âmes il octroie le par adis ;
« Qu’il les fasse reposer en saintes fleurs !
« Meilleurs vassaux que vous ; je n’en vis jamais.
« Vous m’avez tarit servi et durant tant d’années !
« Vous avez fait dé si-vastes conquêtes pour Charlemagne !
1860« L’Empereur fut bien mal inspiré de vous nourrir ainsi !
« O terre de France, vous êtes un bien doux pays,
« Mais vous voilà veuve aujourd’hui de vosmeilleurs barons !
" C’est à cause de moi, barons, que je vous vois mourir,
" Et je ne vous puis défendre ; et je ne vous puis sauver !
1865« Que Dieu vous aide, Celui qui jamais né mentit.
" Olivier, frère Olivier, mon devoir est de ne te point quitter.
« Si l’on ne me tue pas ici, la douleur me tuera.
« Allons, sire compagnon : retournons frapper les païens. »Aoi.