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Par derrière, par devant, sonnent les trompettes de Charles
Qui toutes répondent au cor de Roland.
L’Empereur chevauche, plein de colère.
1835Les Français sont en grande fureur et tout angoisseux.
Il n’en est pas un qui ne pleure et ne sanglote,
Pas un qui ne prie Dieu de préserver Roland
Jusqu’à ce que, tous ensemble, ils arrivent sur le champ de bataille.
Ah ! c’est alors qu’avec Roland ils frapperont de rudes coups !
1840Mais, hélas ! à quoi bon ? Tout cela ne sert de rien :
Ils ne peuvent arriver à temps. En retard ! en retard !Aoi.

CLXIII

Le roi Charles chevauche en très grande colère ;
Sur sa cuirasse s’étale sa barbe blanche.
Et tous les barons de France d’éperonner vivement ;
1845Car il n’en est pas un qui ne soit plein de douleur
De n’être point avec Roland le capitaine, .
Qui, en ce moment même, se bat contre les Sarrasins d’Espagne.
Si Roland était blessé, un seul des siens, un seul survivrait-il ?
Mais, Dieu ! quels soixante hommes il a encore avec lui !
1850Jamais roi, jamais capitaine n’en eut de meilleurs.Aoi.

CLXIV

Tant que durent lesdéfilés, Charles chevauche
Quelle douleur, quelle rage en son cœur !
« Sainte Marie, "s’écrie-t-il, " aidez-nous.
« Voici que Ganelon m’a jeté en grande tristesse.
« Il est écrit, dans une vieille geste,
« Que les ancêtres de Ganelon furent des félons ;
" Les félonies, chez eux, étaient une habitude.
« Ils en firent une à Rome, au Capitole,
« Quand ils assassinèrent le vieux César.
« Mais ces maudits finirent mal
« Et moururent en’ feu ardent et angoisseux.
« Ganelon est bien de leur nature.