Il n’en est pas un qui ne dise à l’autre :
« Si nous voyions Roland avant sa mort,
« Quels beaux-coups nous frapperions avec lui ! »
Las ! que sert ? En relard ! trop en retard !Aoi.
CLXI
Le soir s’est éclairci, voici le jour..
Au soleil reluisent les armes ;
Heaumes et hauberts jettent des flammes,
Et les écus aussi, si bien peints à fleurs,
Et les lances, et les gonfanons dorés.
L’Empereur chevauche, plein de colère ;
Tous les Français sont tristes, sont angoisseux ;
Il n’en est pas un qui ne pleure à chaudes larmes,
Il n’en est pas un qui ne tremble pour Roland.
Cependant l’Empereur a fait saisir le comte Ganelon
Et l’a livré aux gens de sa cuisine.
Charles appelle leur chef nommé Begon ;
« Garde-moi bien cet homme, » dit-il, " comme un traître
« Qui a vendu toute ma maison. »
Begon alors prend Ganelon, et met après lui cent compagnons
De sa cuisine, des meilleurs et des pires,
Qui vous lui épilent la barbe et les moustaches.
Puis chacun vous lui donne quatre coups de son poing ;
Ensuite ils vous le battent rudement à verges et à bâtons ;
Ils vous lui mettent une grosse chaîne au cou ;
Ils l’enchaînentenfin comme oh’ferait un ours,
Et le jettent ignominieusement sur un cheval de charge.
C’est ainsi qu’ils le gardèrent jusqu’au moment de le rendre à Charles...Aoi.
CLXII
Comme les vallées sont profondes ! comme les torrents sont rapides !
Ganelon et le fit enfermer dans une tour. " Keiser (Karl Magnus’s kronike.)